mercredi 31 mars 2010

L'art d'écrire des récits historiques (1) le plan

Une amie blogueuse écrivait l'autre jour qu'elle avait abandonné un projet de roman historique parce qu'elle s'était découragée devant l'effort que chaque phrase lui demandait. En effet, disait-elle, il est plus que compliqué de savoir combien se payait le beurre à Londres en 1900!

Étant donné que je me suis déjà heurtée à ce genre de problème, ça m'a donné l'idée d'écrire un petit guide sur l'art d'écrire des récits historiques, issu de mes tâtonnements. Cela dit, je vous préviens tout de suite : je n'ai "que" une maîtrise en histoire (dans un milieu où les doctorats sont courants) et je n'ai encore publié aucun de mes projets à saveur historique (cela dit, mon chantier le plus sérieux en est un). Je ne parle cependant pas tout à fait à travers mon chapeau : la moindre dissertation que j'ai eu à remettre durant mes études soulevait des problèmes très semblables à ceux qu'un auteur de fictions historiques va rencontrer. Comme tout étudiant, j'ai développé quelques stratégies pour les contrer, stratégies qui me servent à présent en tant qu'écrivaine.

Ces stratégies, ma méthode, je précise encore, se résument de la façon suivante : l'importance du plan, la recherche bien dosée et le recours au flou artistique.

L'importance du plan

Oui, je sais, beaucoup travaillent sans plan. Bravo! Je ne sais pas comment vous faites, mais je vous admire. Cela dit, je n'arrive même pas à concevoir comment écrire un ouvrage à saveur historique sans plan. Il faut dire que, pour un historien, le plan de travail est quelque chose de complexe à établir, mais de très important, car il permet d'aborder un sujet le plus scientifiquement possible, en considérant toutes ses facettes. En fait, pendant mes études, il m'arrivait de devoir faire des recherches avant même de pouvoir déterminer mon sujet et mon plan.

Dans mes expériences d'écrivaine, j'ai désormais l'avantage de savoir de quoi je veux parler, au moins en gros, avant même de commencer. Donc, je ne me prive pas de cet avantage et, avant d'écrire une histoire située dans le passé, je commence par en faire le plan. Je pourrai en déroger plus tard, mais cela me permet de savoir tout de suite les grands éléments sur lesquels je vais devoir me documenter.

Par exemple, si mes personnages doivent tenter de démasquer des politiciens véreux dans le Paris du 19e siècle, cela signifie que je dois apprendre comment fonctionnait le système politique de la France de l'époque et de quoi avait l'air la ville. Je voudrai peut-être également apprendre quelles étaient les lois en vigueur par rapport à la corruption, les conditions de détention dans les prisons, les châtiments les plus fréquents...

Bref, je me fais une liste et, une fois que j'ai une bonne idée des éléments sur lesquels je dois m'informer, c'est le moment de commencer la recherche... plus de détails là-dessus dans un prochain billet.

mardi 30 mars 2010

Voile islamique et course à pied

J'ai entendu deux gars discuter dans le métro. Ils se moquaient un peu du débat autour du port de la burqa et du niqab. À les entendre, tout ça était une histoire de féministe faisant une tempête dans un verre d'eau. Si ces "femmes-là" veulent porter le voile, disaient-ils, même si c'est un symbole de soumission, de quoi on se mêle en voulant les en empêcher?

À la lumière de leur édifiante (hum) discussion, j'ai réalisé qu'une partie de la signification des voiles islamiques a été oubliée dans les discours présents. Certes, le voile islamique sert à identifier et à faire reconnaître les femmes musulmanes, car elles seules cachent au regard du monde les parties de leur corps qui offensent la pudeur (l'étendue de ces parties étant laissée à l'interprétation du lecteur du Coran). Mais, toujours selon les dogmes de l'Islam, le voile sert également à protéger ces femmes, grâce à une modestie vestimentaire plus ou moins extrême, contre les agressions extérieures.

Ça c'est la partie qui s'adresse aux gars, quels qu'il soit. Le message est clair : essentiellement, ce que vous dit une femme en foulard islamique, c'est qu'elle ne vous fait pas confiance, messieurs. Si elle se montrait à vous sans son voile, vous pourriez arrêter de contrôler vos vilaines pulsions masculines et l'agresser.

Moi ça ne me semble pas relever du seul débat féministe comme conception du monde...

- - -
Dans un tout autre registre, j'ai enfin fait ma première sortie de jogging hier soir. :) Mautadine que ça a été dur! J'avais la langue à terre après deux petits kilomètres, malgré le froid qui m'évitait de surchauffer. Quatre mois sans courir, ça tue mon cardio. Faudrait que je m'achète un tapis roulant pour courir en intérieur l'hiver, mais au prix de ces bébelles, c'est pas demain la veille...

lundi 29 mars 2010

Cristallisation secrète de Yoko Ogawa

Ce n'est pas le premier livre de cette auteure japonaise que je lis... et ce ne sera certainement pas le dernier!

Ordinairement, les auteurs japonais mettent beaucoup d'énergie à décrire, à demi-mot et tout en finesse, des relations humaines tordues et compliquées, nées au sein de leur société du non-dit et de la politesse outrancière. Ogawa, normalement, n'échappe pas au phénomène. Cependant, avec Cristallisation secrète, elle a plutôt choisi de raconter, via une allégorie à saveur fantastique, une autre relation parfois complexe : celle de l'humain et avec ses souvenirs. La quatrième de couverture dit que l'auteur a voulu nous faire ainsi réfléchir aux mécanismes de contrôle des régimes totalitaires, mais j'y ai également vu une charge subtile contre le révisionnisme historique pratiqué par les Japonais.

Dans le livre, les personnages vivent sur une île où des souvenirs disparaissent régulièrement. Les gens se réveillent un matin en sachant qu'ils ont oublié quelque chose. L'une de ces disparitions, la première à laquelle nous assistons en tant que lecteur, est celle des oiseaux. Les insulaires savent toujours que les oiseaux existent. Ils peuvent même les regarder voler. Cependant, spontanément, ils ne pensent plus aux oiseaux et la vue des volatiles ne provoque en eux aucune émotion, aucune association d'idée. Alors, pour ne plus avoir sous les yeux ces créatures qui leur sont indifférentes, ils finissent par les brûler.

Au court du récit, alors que les disparitions se multiplient, on découvre peu à peu que certaines personnes y sont immunisées. Leur coeur retient les souvenirs, les images et les émotions reliées aux éléments qui ont disparu pour les autres. Ils préservent d'ailleurs, en secret, des exemplaires d'objets disparus. Menacées de mort par les autorités, ces personnes jugées anormales doivent se livrer à une partie de cache-cache avec la redoutable police secrète et ses traqueurs de souvenirs.

Ce qui est fort intéressant avec ce roman, c'est que l'auteur a choisi de le doter d'une narratrice qui n'est pas immunisées aux disparitions. Cela nous permet de saisir de l'intérieur le phénomène des disparitions, tandis que nous voyons d'abord la narratrice accepter l'ordre établi, puis se rebeller et tenter de résister par tous les moyens au dépérissement de ses souvenirs.

Au final, Cristallisation secrète est une oeuvre forte, qui traite avec une écriture extrêmement sobre d'un sujet qui aurait pu laisser place à d'interminables épanchements. Un délice!

dimanche 28 mars 2010

UFC 111 - J'ai jamais vu un gagnant aussi déçu

C'était le UFC 111 hier soir. Georges St-Pierre revenait défendre son titre après 9 mois d'absence dûs à une blessure. On n'attendait pas grand chose de son adversaire, l'Anglais Dan Hardy. C'est un cogneur, certes, mais en dehors d'un éventuel coup chanceux, il n'avait pas grand chose de menaçant. Avant le match, St-Pierre, poli comme toujours, a dit qu'il respectait Hardy, que ça allait être un dur combat, etc... Cependant, une fois dans la cage, il a été évident que St-Pierre, quoique prudent lorsqu'il devait s'approcher à distance de poing d'Hardy, n'avait qu'un objectif : finir le combat. Pas simplement gagner cette fois, non, mais finir l'affrontement sans recourir aux juges, grâce à une soumission ou un KO. Contre un adversaire du niveau de Hardy, il n'en exigeait pas moins de lui-même.

St-Pierre a loupé son objectif et j'ai jamais vu un gagnant aussi déçu! Pourtant, il nous a donné l'un de ses combats les plus enlevants depuis longtemps, car ses deux tentatives de soumission sont passées à un cheveux de lui donner la victoire éclatante qu'il attendait (Hardy s'en est sauvé parce qu'il semble avoir des articulations en caoutchouc!). Comme nous n'avions à peu près jamais vu St-Pierre essayer aussi intensément de finir un combat, je crois que ce n'est désormais qu'une question de temps avant qu'il y parvienne. Sauf s'il continue à se mettre trop de pression pour son propre bien... (il se bat pour laisser un leg plutôt que pour gagner et je suis pas sûre que c'est très sain...)

La victoire amère de St-Pierre a été, pour moi, dans le ton du reste du gala. Frank Mir a perdu contre Shane Carwin et j'ai bien peur qu'il ne s'en remette pas (ce qui serait dommage, parce que j'adore ce poids lourd qui fait du jiu jitsu, chose rare dans sa catégorie de poids). Mir a longtemps été peu en forme (pour un athlète de MMA) et il pouvait toujours blâmer son manque d'entraînement lors de ses défaites. Cependant, cette fois, il est arrivé dans une forme impressionnante, après des mois de travail acharné... et il s'est fait démolir en un round. Je me demande s'il va trouver une motivation suffisante pour revenir au combat après cette défaite. Entre la correction que Carwin vient de lui servir et celle que Lesnar lui avait administrée, le haut du classement de sa catégorie semble maintenant inaccessible pour lui... Va-t-il s'y attaquer tout de même? L'avenir nous le dira.

Ça a été une mauvaise soirée pour le jiu jitsu je dirais. Rousimar Palhares, un combattant qui m'impressionnait jusqu'ici, a appliqué une clef de jambe à son adversaire et ne l'a pas lâchée, même lorsque son adversaire a signalé son abandon en tapant, puis lorsque l'arbitre est intervenu. Palhares n'a lâché sa prise qu'après avoir disloqué le genou de son adversaire. Celui-ci, Drwal, a maintenant devant lui une longue et hasardeuse route vers la guérison. Mes voeux l'accompagnent et j'espère que Palhares sera sanctionné pour son attitude inacceptable. Addendum : Oui, Palhares a été sanctionné. Preuve que la UFC prend soin de ses athlètes plus que certaines ligues de hockey.

Je ne commenterai pas les autres combats de la soirée, pour les avoir suivis plus ou moins attentivement. Je ne peux pas dire qu'ils ont été enlevants. Fitch, notamment, nous a offert, comme à son habitude, une performance digne d'une assiettée de brocoli : pleine de vertu, mais pas très excitante. Enfin, on peut pas être debouts sur notre siège pendant 3 heures à chaque gala...

samedi 27 mars 2010

Embellir son blogue à petit prix

Sur le site de Brins d'éternité, j'ai lancé un appel aux blogueurs, demandant à tous de donner un peu plus de visibilité à notre fanzine favori. En gros, je suggère à tout le monde d'ajouter au moins Brins d'éternité dans leur blogroll, histoire de se tenir au courant des nouvelles qui seront données sur le site de la revue (vous êtes assurés qu'il y en aura : regardez à quel rythme je publie mes propres billets!) et de permettre à leurs lecteurs de découvrir Brins d'éternité de cette manière.

Pour les plus enthousiastes, vous pouvez faire comme moi : mettez l'image de la couverture du dernier Brins d'éternité dans un coin de votre blogue (en utilisant le gadget Image), avec un lien vers le site de la revue. De cette façon, vous faites d'une pierre deux coups : vous embellissez votre blogue (parce que les couvertures de Brins d'éternité sont superbes) et vous faites une pub très appréciée! :)

Et si le mouvement prend suffisamment d'ampleur, peut-être pourra-t-on s'arranger pour que ceux qui nous annoncent soient les premiers à voir les couvertures des prochains numéros ;)

vendredi 26 mars 2010

Tu sais que... (1)

Tu sais que les météorologues sont extrêment résistants aux dépressions quand tu vois la température des derniers jours et que tu constates qu'on n'annonce pas qu'ils se sont suicidé en masse.

Tu sais que t'étais rendue un peu alcolo quand, après deux semaines sans boire d'alcool, tu vois une annonce de Guinness pis tu dois ravaler en hâte une montée de salive pour pas baver partout.

Tu sais que ton ambiance de travail est pourrie quand, devant la porte du bureau, tu prends une bonne inspiration, puis tu expires avec force... avant de réaliser que, d'habitude, tu fais ça seulement avant un combat.

Une maudite chance que c'est vendredi aujourd'hui!

Je me console de ma semaine horrible en me disant que, demain soir, St-Pierre défend son titre! J'ai hâte de voir ça! :)

jeudi 25 mars 2010

Faire du bénévolat pour son employeur

Une connaissance, offusquée, m'a raconté, en fin de semaine, que malgré le fait qu'elle arrive une demi-heure plus tôt chaque jour au boulot (sans l'inscrire comme du temps supplémentaire) elle a dû rendre des comptes lorsqu'elle a décidé de quitter une heure plus tôt un vendredi soir sans le mentionner sur sa fiche de paie.

Alors qu'elle était estomacquée de ce qu'elle qualifie comme de l'ingratitude de la part de son employeur, moi je suis plutôt tombée sur le cul en constatant sa propre naïveté. Jamais elle n'a inscrit les quelques deux heures qu'elle faisait en surplus à chaque semaine comme du temps supplémentaire. Parce que, m'a-t-elle dit, ça lui faisait plaisir de les faire et elle considérait donc qu'elle n'avait pas à se faire payer pour.

Tout le monde, semble-t-il, était au courant qu'elle faisait ces heures, mais aucune preuve "bureaucratique" de leur réalité n'a été consignée. Ainsi, lorsqu'elle a décidé de raccourcir sa journée de travail pour allonger sa fin de semaine, l'employeur, qui a trouvé que c'était un mauvais exemple, a eu beau jeu de lui tomber dessus.

Voilà qui confirme ce que j'ai toujours pensé : ne donnez rien à votre employeur, surtout pas votre temps. Si vous voulez faire du bénévolat, faites-le pour quelqu'un qui ne pourrait pas vous payer.

mercredi 24 mars 2010

Message à ceux qui en ont marre de me voir la binette

Message à ceux qui en ont marre de me voir la binette partout sur les blogues : vous aviez encore rien vu! hihihihi! :p

Constatant ma propension à apparaître partout en même temps (même dans leurs pages), l'équipe de Brins d'Éternité vient de décider de me confier le poste de directrice de la promotion.

Si on m'avait dit qu'un jour je ferais quelque chose de rattaché de près ou de loin à la publicité, je vous aurais sans doute pas cru, mais bon, ça a l'air que certains croient que j'ai des aptitudes dans ce domaine et ils m'ont fait une offre que je pouvais pas refuser! (En gros, ils m'ont dit : "Ça te tente-tu?") ;)

Bref, si vous voulez pas que je vous harcèle, allez donc vous inscrire tout de suite comme fan sur la page Facebook de Brins d'Éternité (le seul endroit sur Facebook où vous risquez de me croiser).

 Et, tant qu'à y être, allez aussi faire un tour sur le site de la revue. On a ajouté les fonctionnalités Paypal. Ce qui veut dire que, comme pouvez désormais vous abonner sans quitter le confort de votre demeure pour aller mettre une lettre à la poste, vous avez plus d'excuse pour ne pas encourager votre fanzine préféré!

D'ailleurs, avec sa nouvelle reliure, ses superbes couvertures et son équipe dynamique comme quatre (hihihi), Brins d'Éternité n'a plus grand chose à envier aux revues professionnelles, vous trouvez pas?

mardi 23 mars 2010

Le messager du chevalier noir

Ayant demandé à mon éditeur de me suggérer un livre pour ado qu'il trouve excellent, celui-ci m'a dirigée vers "Le messager du chevalier noir" de Tonke Dragt. Ça tombait bien : le bouquin est une histoire d'aventure à saveur historique, sans élément fantastique, exactement comme celle que je suis en train d'essayer d'écrire.

Après quelques hésitations, parce que je suis définitivement pas une fan des romans pour ados, j'ai fini par me plonger dans le bouquin... et par y rester accrochée! :)

J'ai eu l'impression, tout du long, de lire une réécriture modernisée des histoires des chevaliers de la table ronde de Chrétien de Troyes. Un décor à saveur médiévale se déployait sous mes yeux comme un étendard, l'écriture coulait, vive et fluide, les péripéties s'enchaînaient, les amitiés se nouaient, crédibles et touchantes... Bon, évidemment, je voyais un peu les ficelles du récit et je sentais la recette du "récit de quête" classique, mais jamais suffisamment pour cesser de m'intéresser au sort des héros. Héros adolescents, d'ailleurs, mais parfaitement capables d'agir en adultes, donc très crédibles et sympathiques! :)

Un peu estomacquée par la qualité de ce récit, j'ai découvert par la suite que ce livre, qui a près de 45 ans, vient d'être élu "meilleur livre des Pays-Bas des 50 dernières années". Ce qui explique sa magie intrinsèque... et m'indique que mon éditeur, quand on lui demande des modèles, ne se gêne pas pour mettre la barre haute! hihihihihi!

Leçon tirée de ma lecture : Je suis pas sortie du bois si je veux faire aussi bien!!!

lundi 22 mars 2010

La folie des écrivains

La Presse publie un article très intéressant au sujet de recherches qui ont été faites et qui ont découvert qu'une proportion extrêmement forte d'écrivains souffrent ou ont souffert de maladies mentales diverses (à lire ici).

Je m'interroge. Il y a un certain historique de troubles mentaux dans ma famille. Je me sais moi-même fragile psychologiquement et émotionnellement. Parfois, j'ai l'impression que mon système nerveux n'est qu'une corde trop tendue. Les tensions autour de moi, les stress, font vibrer cette corde, menaçant de la rompre. Dans ces cas-là, j'ai deux alternatives : écrire frénétiquement ou m'engourdir l'esprit (par l'entraînement... ou un abus de télé).

Quand rien ne vient mettre mes nerfs à l'épreuve, l'écriture même s'en charge. Pour me glisser dans la peau d'un personnage, pour trouver le ton juste dans ses réactions, souvent je remue en moi des souvenirs sensibles ou alors j'essaie d'imaginer comment je réagirais si...

Au final, je me demande donc si l'écriture n'agit pas (chez moi et chez d'autres) comme un contrepoids qui garde l'écrivain toujours à la frontière de la santé mentale : le poussant vers le point de rupture quand il est en forme, l'empêchant de basculer lorsque la tension est à son comble.

Parce qu'il faut être un peu fou pour imaginer et faire vivre, à l'aide de simples mots, une dizaine de personnages ayant chacun leur personnalité propre, non?

samedi 20 mars 2010

Écrivaine au travail

Vincent étant pogné à rentrer au bureau pour faire du temps supplémentaire (ouais, un samedi... dégueulasse!), je me fais une méga-scéance d'écriture aujourd'hui.

Je dois envoyer le premier quart de mon roman à mon éditeur demain. Faudrait donc qu'il soit terminé! ;)

vendredi 19 mars 2010

La horde du contrevent : époustouflant!

Imaginez un monde où le vent souffle en furie, toujours dans la même direction. Imaginez un groupe de personnage qui remonte ce courant, en formation comme des oiseaux migrateurs, à la recherche de la source du vent. Imaginez une narration qui alterne sans accroc entre une vingtaine de points de vue, chacun doté de sa voix distincte. Imaginez une langue qui joue et se réinvente, empruntant au lexique maritime lorsque les termes des terriens ne suffisent plus. Imaginez une fin qui vous laisse ébahi.

La horde du contrevent d'Alain Damasio, c'est tout cela et plus encore. Une oeuvre de fantasy extrêmement forte et originale. Pas totalement dépourvue de longueur, bien sûr, ni d'éléments un peu tirés par les cheveux (on reste dans un roman de fantasy), mais délicieuse tout de même. On pardonne même à l'auteur l'usage du mot Pack et autres franchoullardises. ;)

J'ai passé un de mes meilleurs moments de lecture depuis longtemps. Merci à Guillaume pour la suggestion.

jeudi 18 mars 2010

Sous l'oeil de Big Brother

Avertissement : si vous ignorez que Big Brother est une référence littéraire et que vous pensez que je vais vous parler d'une téléréalité, vous vous êtes trompés de blogue!

Quand on met beaucoup de sa vie personnelle sur Internet (par exemple comme je le fais ici), il faut être conscient que ça devient accessible à n'importe qui.

Par contre, il ne faut pas devenir fou non plus. On ne vit pas sous l'oeil de Big Brother. Oui, tout est théoriquement accessible à tous, mais, en pratique, encore faut-il que quelqu'un pense à le chercher.

Pour ça, Facebook est délicat : les gens pensent aisément à vous y chercher. Le blogue, c'est déjà mieux. Même si vous le tenez sous votre vrai nom, faudrait que quelqu'un sache votre nom complet et le tape dans Google, puis fasse défiler les 32 pages de résultats jusqu'à tomber sur vous...

Bon, disons que quelqu'un l'a fait. Le voilà chez vous, dans votre intimité.

Mettons que c'est quelqu'un que vous aimez pas. Et qu'en lisant votre blogue, il se rend compte que vous parlez de lui et du fait que vous ne l'aimez pas. Allez-vous vous faire attaquer en justice?

Probablement pas. Suffit que vous ayez pris quelques petites précautions. De un, si vous voulez vous défouler contre quelqu'un, arrangez-vous pour que la personne ne soit pas aisément identifiable (quitte à la changer de sexe, de contexte, etc). Bien sûr, les gens impliqués dans l'anecdote que vous évoquerez se reconnaîtront sans doute. Cependant, s'ils ne le crient pas sur tous les toits, ça restera entre vous. De deux, présentez votre point de vue et des faits, pas des attaques gratuites contre les gens.

Par exemple, vous n'avez pas le droit de dire que tel politicien est un menteur corrompu. Par contre, vous avez le droit de dire que l'entêtement de notre Premier Mouton à ne pas demander d'enquête publique semble suspect et que vous en venez à vous demander s'il n'a pas lui-même des intérêts financiers dans cette histoire de corruption...

Ou a-t-on encore le droit de dire ça? Je sais plus... D'après vous, sur Internet, à quel point est-on finalement sous l'oeil de Big Brother?

mercredi 17 mars 2010

La phrase interdite

Pendant mes deux années de cégep en littérature et théâtre, il y avait une phrase que le professeur de théâtre (qui nous donnait également des cours de littérature) nous interdisait formellement d'utiliser pour critiquer une oeuvre quelle qu'elle soit. On n'avait jamais le droit de lui dire que "C'était ben ben bon".

Évidemment, cette interdiction visait à nous forcer à apprendre la manière de critiquer une oeuvre, de structurer notre pensée, d'analyser en terme de points forts et faibles... Bref, il voulait qu'on dise des trucs intelligents au sujet des productions culturelles qu'on consommait, qu'elles soient, à nos yeux, bonnes ou mauvaises.

Mais des fois on a rien d'intelligent à dire. Soit parce qu'on ne voit pas où commencer la critique d'un recueil de nouvelle fantastique surprenant, aux récits courts, à l'écriture fluide, à la couleur franco-canadienne originale... soit parce que Richard et Isa ont déjà tout dit.

Ça fait que là je vais me faire un petit plaisir. Je vais vous dire que Jonctions impossibles de Jean-Louis Trudel, c'était ben ben bon! :)

Addendum
Bonne St-Patrick à tout le monde! (Ben oui, j'ai deux-trois Irlandais perdus dans le haut de mon arbre généalogique...)

mardi 16 mars 2010

Payez-vous pour payer vos impôts?

Vincent et moi avons fait nos déclarations d'impôt en fin de semaine. Commencées à 11h le samedi matin, on les a finies à 15h. 4 heures dans les chiffres, les guides, les formulaires. Salaires, revenus de placement, RÉER, RAP, crédit d'impôt à la rénovation, crédit d'impôt pour le transport en commun, frais médicaux... Allez hop! On écrit tout ça à la main dans les petites cases correspondantes, on calcule...

Et, au bout du compte, on finit souvent par découvrir qu'on en a payé un peu trop (parce qu'on a mis un peu d'épargne en RÉER). Le gouvernement nous doit un petit chèque. Yé! :)

Ce que je ne comprends pas, c'est les regards épatés que les collègues me jettent le lundi matin lorsqu'ils me demandent ce que j'ai fait en fin de semaine.
- Mes impôts.
- Ton chum est comptable?
- Non.
- Ah... T'as acheté un logiciel?
- Non.
- Ben là, comment tu fais? C'est ben trop compliqué! Tu vas te tromper!

Bizarre. On dirait que beaucoup de gens n'ont pas remarqué qu'il y a un guide qui vient avec la pile de formulaires papiers. Il explique tout, ligne par ligne. Pas toujours clairement, c'est vrai, mais c'est pas pire qu'un contrat hypothécaire ou d'assurance. Si on était des travailleurs autonomes, il en irait peut-être autrement, mais pour un salarié, c'est un exercice relativement simple (c'est la fille qui est pas capable d'additionner 7 et 16 qui parle là!). En plus, si jamais on se trompe, le gouvernement nous envoie une tite lettre expliquant notre erreur (pis une facture... ou un plus gros chèque).

Ok, ça nous prend 4 heures de notre journée. Sauf qu'au final, on récupère la totalité de l'argent qui nous est dû. Y'a pas de firme informatique qui fait 30$ sur notre dos, ni de comptable qui en fait 200$. Et là je ne parle même pas du cas où on devrait payer de l'impôt. Si je devais déjà envoyer un chèque au gouvernement, ça m'écoeurerait grandement de devoir payer quelqu'un pour qu'il me calcule combien je dois!

Et vous, payez-vous pour payer vos impôts?

Addendum
On fait quoi quand une collègue des ressources humaines du bureau, qui est aussi une bonne copine, nous demande l'adresse de notre blogue? Ben on la lui donne! (Anyway, elle est bien placée pour savoir que notre job est faite malgré nos visites frénétiques occasionnelles sur ledit blogue pendant la journée)
Alllooo ma chère! :-)

lundi 15 mars 2010

Mon patron est un psychopathe

Mon patron est un psychopathe, j'en suis sûre. Il présente tous les symptômes : il est poli, gentil, ses blagues semblent toujours un peu forcées, il a une famille parfaite et, signe qui ne trompe pas, il porte des chemises mauves et même, parfois, des roses!

... Bon, bon, j'avoue, j'ai peut-être juste regardé un peu trop de Dexter.

Si vous ne connaissez pas, c'est une série américaine qui nous raconte la vie d'un tueur en série de... tueurs en série. Dexter est un membre de la police scientifique, spécialisé en analyse des éclaboussures de sang, qui, lorsque ses collègues policiers n'arrivent pas à coincer les tueurs, prend secrètement les choses en main.

Cette série est probablement celle où le personnage principal subit la plus grande évolution. De résolu, solitaire, froid et méthodique, Dexter devient peu à peu un père de famille attaché aux siens, qui doute de lui-même... et qui se fait en même temps prendre dans la spirale classique des tueurs en série : de plus en plus assoiffé de meurtre, il se met à accélérer le rythme de ses tueries, coiffant les policiers au poteau au lieu de rattraper leurs pots cassés. Ses erreurs se multiplient, sa double vie devient plus difficile à tenir...

Et on est rivés à notre siège, inquiets pour lui. Car Dexter est un personnage éminemment sympathique dans sa façon de ne jamais savoir comment agir, comment s'intégrer, comment faire partie du groupe. Il est l'incarnation de la petite voix critique et sombre qui résonne parfois en chacun de nous.

La musique et la réalisation de la série soutiennent extrêmement bien le propos. Des jeux d'éclairage judicieux aident l'interprète de Dexter (un Michael C. Hall époustouflant) à faire apparaître par moment son démon intérieur. L'idée de base derrière la série étant que nous avons tous une part d'obscurité en nous, aucun personnage n'est un cliché tout noir ou tout blanc, ce qui a visiblement plu aux comédiens et leur permet de livrer des interprétations qui vont du juste à l'époustouflant.

À voir! :)

Addendum
L'affaire Biscuit Chinois vient de trouver une solution! :) Je serai donc du numéro Hôtel/Motel. Yessssss!

samedi 13 mars 2010

Des nouvelles de mes projets

En ce printemps hâtif, je vais y aller pour un petit bilan...

Alors, le roman jeunesse, comme vous pouvez le voir en haut à droite de ce blogue, avance tranquillement. Deux chapitres par semaine environ. C'est peu, mais bon... Au moins je sais où je m'en vais, car mon plan chapitre par chapitre est solide. Mes épisodes ont cependant une tendance à l'embonpoint (un peu comme la fille qui les écrits faut croire!). C'est drôle, car une bonne partie des aspirants écrivains que je connais étoffent leurs histoires après leur premier jet. Moi je coupe. J'aime mieux ça. J'explique trop plutôt que pas assez dans mon premier jet. Ça m'évite d'oublier les détails. Ça m'évite aussi de rajouter des bouts qui ne seront plus dans le ton, qui seront plaqués sur le texte ou qui ne serviront qu'à étirer la sauce.

En fin de semaine, je vais tenter de donner un coup et de pondre plusieurs chapitres du roman...

Je vais aussi recevoir mon père à souper, puis ma belle-famille... oh et faire mes impôts.

Bon... j'espère que je vais avoir le temps d'écrire mes deux chapitres hebdomadaires! O_o

vendredi 12 mars 2010

L’histoire que j’aimerais écrire

J’aime les histoires de boucle temporelle, de paradoxe, de voyage dans le temps… C’est cependant une affection un peu masochiste : je les aime parce que j’ai du mal à les comprendre.

En fait, j’ai tellement bien intégré la pensée historique (après six ans à patauger dedans, fallait s’y attendre) que pour moi le temps ne se conçoit que de façon linéaire. Avec un début, un milieu, une fin, des causes, des effets, des continuités, des changements, des cycles…

Bref, quand je me fais raconter une histoire où le temps n’est pas linéaire, j’ai souvent besoin d’un papier et d’un crayon pour me dessiner une tite ligne du temps et remettre les morceaux dans l’ordre. Une fois que c’est fait, je m’extasie devant l’ingéniosité de l’auteur ! (Et j’espère un peu qu’il a eu besoin de dessiner sa ligne du temps lui aussi, histoire que je me sente moins nouille…)

J’adorerais arriver à écrire une histoire comme ça. Un truc de voyage dans le temps, bien emberlificoté… ou simplement un récit éclaté qui prend tout son sens au fur et à mesure qu’on le replace dans l’ordre…

Pour l’instant, c’est plutôt en dehors de mes possibilités (sauf quand Vincent me fournir les concepts). De toute façon, j’ai pas d’idée précise (et j’ai pas le temps).

Mais je vais finir par m’y mettre et là, attachez vos tuques, je vous ferai chauffer les neurones !

En attendant, vous là, quelles sont les histoires que vous aimeriez écrire ?

jeudi 11 mars 2010

C'est la merde au bureau

Présentement, c'est la merde au bureau.

J'ai une collègue qui occupait un poste temporaire. Le poste vient de devenir permanent. Question de politique interne, il a donc été ouvert à tous. C'est un poste intéressant. Beaucoup plus que le mien en fait. Je n'ai cependant pas essayé de l'avoir. Je préférais donner une chance à ma collègue de le garder.

Seulement voilà, il a dû se passer quelque chose du côté des ressources humaines, parce que le fameux poste, je viens de me le faire imposer. Je peux pas dire que ça m'attriste, car il est intéressant.

Par contre, là j'ai l'air de l'intriguante, de l'hypocrite, de la fille qui joue dans le dos des collègues (alors que vous devez commencer à savoir que je suis plutôt du type bonnasse et grande gueule). Certains semblent penser que j'aurais dû refuser le poste, même s'il me plaît... au risque de me retrouver à mon tour sur le siège éjectable. 

Bref, ce fut une situation de type "tué ou être tué". N'écoutant que mon instinct de conservation, j'ai tué.

Mais maudit que c'est détestable quand les morts viennent ensuite demander des comptes!

mercredi 10 mars 2010

Vivre sans Internet

Question qu'une collègue m'a posée au bureau : "Pourrais-tu vivre sans Internet?"

Heu... Vivre, oui. Travailler, non. Écrire, ce serait limite. Avoir une vie sociale, ça serait pas évident. Faudrait que je me déplace beaucoup plus dans des bibliothèques et les magasins. Faudrait aussi que je réapprenne à utiliser le téléphone pour communiquer avec mes amis. Ce serait chiant : j'aime mieux l'écrit que l'oral moi. Non, décidément, d'un point de vue objectif, je pourrais me passer de ce blogue (même si je m'ennuierais) et de Facebook (évidemment) et de Twitter (facile, j'y suis pas). Mais laissez-moi mon courriel et Google, svp!

J'ai donc répondu que oui, je pourrais vivre sans Internet, mais que je devrais changer de job avant et que ma vie deviendrait pas mal plate et compliquée.

La dame de me répondre : "Super! Ma fille étudie en sociologie et elle cherche une vingtaine de jeunes de moins de 30 ans qui sont prêts à passer 30 jours sans utiliser Internet. Embarques-tu?"

O_o Je l'ai regardée comme si elle débarquait de Mars. En fait, je pense qu'elle devait venir d'une autre planète. "Je ferais ma job comment pendant ces 30 jours là?" que je lui demande.

Et elle d'afficher une incompréhension totale. "T'utilises vraiment Internet pour faire ton travail?"

"Juste chaque fois que j'envoie ou que je reçois un courriel!" que je m'exclame.

Réponse : "Hein? Les courriels, ça a rapport avec Internet?"

Je sais pas si je dois rire, pleurer, lui donner une claque ou appeler sa fille pour l'engueuler! lol! Cela dit, cette histoire m'a fait prendre conscience d'un fait : non, je ne pourrais pas vraiment vivre sans Internet. Ce serait plutôt de la survie. Dois-je m'inquiéter docteur?

mardi 9 mars 2010

Pour des raisons religieuses...

Actuellement, au Québec, pour des raisons religieuses, vous pouvez :

- Amener un couteau à l'école (si vous êtes Sikh);

- Vous présenter à la banque avec le visage dissimulée (si vous êtes une musulmane en niqab);

- Obtenir un médecin/ examinateur/ interlocuteur quelconque du sexe de votre choix (si vous êtes juïfs, musulmans ou chrétiens extrémistes);

- Prendre congé un peu n'importe quand sans qu'on puisse vous le refuser (pour toute religion ayant un calendrier différent);

- Exiger que votre enfant se fasse servir des repas végétariens à la garderie ou à l'école (si vous êtes juïfs, musulmans ou bouddhistes);

- Envoyer votre enfant dans une école privée subventionnée par le Ministère de l'Éducation, mais qui ne respecte pas le programme de ce même ministère (pour juïfs seulement);

- Envoyer votre enfant dans un CPE subventionné où il recevra une éducation religieuse (pour juïfs et musulmans, offerts à Montréal seulement);

- Faire vos cours de piscine à un moment où il n'y a pas de garçon aux alentours (encore les musulmanes... je suis jalouse... avoir été musulmane, les gars du secondaire n'auraient pas eu de prétexte pour m'appeler Flipper);

- Faire votre oral dos à la classe (décidément, je crois que je vais me convertir à l'Islam);

- Refuser qu'on vous fasse une tranfusion et obliger le personnel soignant à user de précautions et à prendre plus de temps pour vous soigner, puisque les solutions standards ne vous vont pas (Témoins de Jéhovah);

- Vous retrouver à la une des journaux dès qu'on vous refuse un accommodement qui heurte le sens commun (toute religion confondue).

Maintenant, essayez d'obtenir une seule de ces mesures (je pense notamment aux repas végétariens) à cause de convictions personnelles purement athées. Vous n'y parviendrez pas. Notre société en est rendue à respecter davantage la croyance aveugle en l'irrationnelle que les choix réfléchi.

Va falloir que ça change... et, idéalement, avant qu'on n'ait plus le droit, l'hiver, d'entrer dans un building gouvernemental avec notre cagoule encore sur la tête, parce que nos élus nous auront bricolé un règlement interdisant qu'on se cache le visage dans les lieux régis par l'État... C'est le niqab que vous voulez interdire, chers politiciens. Réglez donc le cas de la burqa et du tchador en même temps. Le hidjab, il dérange plus personne...

lundi 8 mars 2010

Les Moufettes attaquent au crépuscule

Ces temps-ci, étant donné mes projets personnels, je me suis lancée dans la lecture de romans pour ados, lecture dont j'essaie de tirer des enseignements. Mon premier arrêt (amitié virtuelle et curiosité pathologique obligent) fut donc du côté de Dorbourg et de Les moufettes attaquent au crépuscule, premier roman de François Bélisle.

L'intrigue de ce tout petit bouquin est simple : un quatuor d'amis décident de venger la fermeture de la maison des jeunes de leur ville en fomentant un "attentat" à l'eau de javel contre les tenues de gala de personnes bien en vue. Cette trame narrative principale (et toutes les interractions qu'elle provoque entre les jeunes personnages) n'occupe toutefois que la moitié du récit environ, car ce que les jeunes ignorent (mais que le lecteur découvre), ce sont tous les jeux politiques qui se déroulent en arrière-plan et qui ont motivé la fermeture de la maison des jeunes. 

Le roman, à cause de cette dimension politique, est à la fois très original... et un peu frustrant. Original, car il est rare que les romans pour ados introduisent une dimension politique. Frustrant, car le jeu politique reste très en surface et il est raconté plus que vécu. Cependant, ce dernier reproche est celui d'une lectrice adulte. Un ado préférerait sans doute cette façon de lui mâcher l'ouvrage.

La narration du roman est à souligner : l'auteur s'est amusé à faire varier le point de vue de narration d'un chapitre à l'autre, en employant toujours le "je". Cela introduit une belle dynamique, mais les points de vue sont si nombreux que je suis restée un peu sur ma faim en terminant ma lecture : il me semble que je n'ai pas eu le temps de connaître la myriade de personnages... mais bon, voilà encore un reproche de lectrice aguerrie! (Et, peut-être, un travers de romancier qui en était à sa première oeuvre?)

La série comptant désormais deux suites, je suis certaine que les deux tomes supplémentaires satisferont mon envie de découvrir davantage les habitants de Dorbourg, plus précisément le quatuor de personnages principaux! :)

Bref, à lire... avec les tomes 2 et 3 à portée de la main :)

Leçon tirée de ma lecture : restreindre le nombre de personnages ou écrire un gros roman... ou faire accepter tout de suite des suites! :p

dimanche 7 mars 2010

Bande-annonce... de livre!

Traitez-moi de fossile si vous voulez, mais la nouvelle mode des bandes-annonces de livre, ça me laisse froide. Pire : ça m'énerve.

Dominic Bellavance sort un livre le 16 mars aux éditions Coups de tête (Toi et moi, it's complicated). Il a mis un extrait sur son blogue. Je suis allée le lire : c'est excellent. J'ai hâte d'avoir le bouquin pour connaître la suite.

Par contre, voilà ti pas qu'il ajoute aussi une bande-annonce. Et moi, la nouille, je clique play par mégarde, ce que je ne fais jamais d'habitude.

Catastrophe! Ma lecture, bien que même pas vraiment commencée, est irrémédiablement gâchée. Au lieu de pouvoir m'imaginer en paix la tête du personnage principal et le décor, voilà que je me suis fais bombarder des images toutes faites à la gueule. Ça y est. La bouille du comédien de la bande-annonce est imprimée dans mon esprit. Plus moyen de visualiser autre chose.

Ça m'écoeure. Si je lis, c'est justement pour forcer mes neurones à travailler. Qui a eu l'idée de faire des bandes-annonces de livre en utilisant des comédiens, des décors, etc? Ça tue complètement la magie du livre tant qu'à moi.

Mes excuses à Dominic, aux éditions Coups de tête et au réalisateur de la bande-annonce s'ils se sentent blessés par mes propos. J'vous aime pareil. Vous faites une super bonne job. J'préfèrerais juste que vous la restreignez aux mots...

J'suis-tu la seule à penser ça?

vendredi 5 mars 2010

Les 24 heures

Tiens, c'est amusant ça. Émilie et Keven parlent coup sur coup d'une activité d'écriture s'étalant sur 24 heures.

Émilie est tombée sur un auteur un peu (beaucoup) sauté qui a décidé d'écrire un court roman, en public, en 24 heures. Il a réussi! 12 350 mots. Wow!

Du côté de Keven, il participe au 20e Marathon d'Écriture Intercollégiale (le chanceux!). Pendant 24 heures, il aura droit à des ateliers sur le roman, le conte, etc, animés par une jolie brochette d'auteurs, notamment le fractale-framboisié Éric Gauthier. Je découvre avec stupéfaction que ce défi existe depuis 20 ans... et là je me demande bien comment ça se fait que j'ai réussi à faire deux ans de cégep en lettres sans en entendre parler. Enfin... N'hésitez pas à encourager Kevin pendant son aventure!

Ces histoires de 24 d'écriture intensive me rappellent mes années de Cégep. En effet, l'association de jeux de rôles (dont j'ai été membre active et même vice-présidente) organisait à chaque session un 24 heures de jeux. De midi à midi, nous devenions donc des chevaliers, magiciens, voleurs, prêtres, vampires, werewolf, space marines, toons ou personnages de films d'action. L'événement était divisé en quatre sessions de jeu de cinq heures, entrecoupées par des repas. À chaque plage horaire, on changeait de maître de jeu, de système de règles, de joueurs autour de la table, d'univers, quoi!

La qualité de nos interprétations (et la cohérence de la gestion du maître de jeu) atteignait son apogée vers minuit, lorsque la surdose de sucre et de caféine avait raison de nos inhibitions, pour se dégrader ensuite sérieusement lorsque le ciel commençait à s'illuminer. Quoique... le manque de sommeil réveille bien des muses.

Ces expériences complèment folles m'ont laissé un merveilleux souvenir d'euphorie et de plaisir, malgré l'épuisement dans lequel je finissais ces équipées au royaume de l'imaginaire (et des jets de dés). J'espère que Keven (ainsi que l'autre écrivain marathonien) reviendra de son expérience aussi heureux que j'ai pu l'être des miennes :)

Créer durant 24 heures, y'a rien de tel! :)

jeudi 4 mars 2010

La génération des buveurs de thé

Au bureau, le café est fourni gratuitement. Enfin, un breuvage filtré, noirâtre, à l'odeur de céréales brûlées et d'infusion recuite est fourni gratuitement. Du vrai acide à batterie. Et il s'en boit des litres et des litres.

Je ne touche jamais à cette mixture douteuse. Pour une raison très simple : le café filtre me donne des brûlements d'estomac. Pour moi, c'est donc latté ou rien. Et comme, depuis les Fêtes, j'essaie de ne pas dépenser tout mon argent de poche chez Starbucks, c'est désormais rien. Ou plutôt, non : je suis passée au thé vert. Chez moi, j'en ai quelques variétés raffinées. Au bureau, j'amène une énorme boîte de sachets ben ordinaires.

Ce midi, j'étais dans la cuisinette du bureau, en train d'attendre que la bouilloire daigne remplir son office lorsqu'est arrivée une collègue dans la quarantaine, visiblement de mauvais poil.
- T'attends quoi? qu'elle me lance. Si tu fais pas de café, il arrivera pas tout seul.
Aiguillée par sa charmante remarque, je note que le silex de la cafetière est vide. Ce dont je n'ai rien à foutre.
- J'bois pas de café. Je fais chauffer de l'eau pour mon thé, lui dis-je.
La logique de ma réponse ne semble pas l'effleurer.
- Ben là, tu pourrais partir le café quand tu vois qu'il y en a plus!
- J'bois pas de café.

Le ton de cette dernière réponse a semblé lui faire comprendre que j'envisageais, très zennement, de lui déverser le contenu de la bouilloire sur la tête si elle s'obtinait. Elle a donc parti le café toute seule, comme une grande. Puis elle a attendu à côté de moi dans ce qu'elle devait espérer être un silence glacial. Comme je me récitais mon prochain chapitre, je m'en suis pas souciée. Mon eau frémissait enfin quand son café a été prêt. Elle s'en est versé une tasse. En sortant de la cuisinette, elle a grommelé :
- Génération de buveurs de thé!

Je crois que ça se voulait une insulte. L'équivalent de "bouffeur de grenouilles" probablement. J'ai ramené ma tasse de thé à mon bureau et, en attendant qu'il infuse, j'ai réfléchi. Au bureau, le café il est là, à portée de main. On passe à la course et voilà, on en a une tasse prête à boire. Pour faire du thé, c'est plus long. Il faut attendre que l'eau soit chaude, mais sans bouillir. Il faut ensuite être attentif pour que le thé infuse, mais pas trop. Enfin, on peut déguster notre boisson au léger goût de terre et de feuillage, qui contient juste assez de caféine pour se réveiller, mais également un paquet d'antioxydants et d'autres trucs supposés nous aider à rester en santé.

Bref, boire du thé, ça signifie s'arrêter, faire une pause, vivre dans l'instant, prendre soin de nous.

Ah ben, j'ai reçu tout un compliment finalement! :) Comme il s'adressait à toute ma génération, je le partage ;) C'est vrai qu'il nous va bien.

mercredi 3 mars 2010

Catch-22 : l'absurdité bureaucratique à son meilleur

Le titre du roman de Joseph Heller fait référence à un article du règlement militaire auquel ses personnages, des bombardiers américains de la Deuxième Guerre Mondiale, sont soumis. L'article, Catch-22, se lit comme suit :
- Un homme est considéré fou s'il participe volontairement à des missions dangereuses. Toutefois, si l'homme demande pour ce motif à être exempté desdites missions, le fait de déposer la demande sera une preuve de santé mentale et il ne pourra être relevé de ses fonctions.

C'est dans l'imbroglio bureaucratique et l'impossibilité logique causés par cet article de règlement (sans oublier également le chaos plus ordinaire causé par la guerre) que les personnages de Heller évoluent. Ils sont tous un peu fêlés, sauf, peut-être, Yossarian, le personnage principal, qui n'arrive pas à se faire à l'idée que des gens qu'il ne connait pas tentent de le tuer et qui n'a qu'un désir : rentrer chez lui sain et sauf.

Le bouquin nous narre, de façon complètement éclatée, le détail des stratagèmes qu'il met en place pour tenter d'hâter son rapatriement. Saboter son propre appareil et se faire porter pâle ne seront que deux de ses tactiques. Malheureusement, au sein d'une bureaucratie où vous pouvez être déclaré mort malgré vos plus vives protestations, l'ingéniosité de Yossarian n'est pas nécessairement suffisante pour lui procurer un billet de retour vers les États-Unis...

J'ai bien aimé la lecture de ce livre qui fait partie des piliers de la culture américaine contemporaine. La langue est vive, les phrases sont parfois d'un délicieux illogisme et la narration saute du coq à l'âne avec un naturel complètement déboussolant. Toutefois, le roman aurait gagné à être amputé d'un bon tiers de ses pages. Si le début et la fin du récit sont trépidants, le milieu manque de rythme et d'intérêt.

Je le recommande aux amateurs de Kafka ou à tous ceux qui se heurtent régulièrement à l'esprit fonctionnaire : l'éclatement du récit et l'omniprésence des bureaucrates aux principes absurdes vous amèneront en terrain connu! :)

mardi 2 mars 2010

Le jeu vidéo en tant qu'objet culturel

Poursuivant ma réflexion d'hier, j'en suis arrivée à une conclusion qui m'a surprise : selon mes critères, me voilà forcée d'inclure les jeux vidéos dans la liste des produits culturels.

J'imagine déjà les tenants de la Culture pousser les hauts cris : "Hein quoi? Des jeux vidéos sur un pied d'égalité avec le théâtre? Avec les livres de Proust? Les tableaux de Renoir!?!"

C'est vrai que, en théorie, les jeux vidéos sont un pur produit de divertissement, un parfait symbole de notre société aux multiples gadgets. Sauf que...

Quand je dis que j'ai publié un texte et que mes amis se mettent à chanter tous en coeur la toune de la victoire dans "Final Fantasy"... (ou qu'un zigoto la fait chanter par son perroquet)...

Quand je vois Vincent ressortir sa vieille console pour jouer à des jeux à la technique désuette et aux images pleines de pixels, mais qui le font complètement tripper (parce que l'histoire est fascinante et que la mécanique est bonne)...

Quand j'entends parler du fait qu'un studio pense ressortir un de ses succès de Super Nintendo en format adapté pour la DS, histoire de le faire connaître à la nouvelle génération...

Et que Vincent me raconte l'histoire de ce jeu (Chrono Trigger) et que je réalise que c'est une trame narrative absolument trippante...

Dans ce temps-là je me dis que, n'en déplaise aux puristes, la liste des types d'oeuvres culturelles vient de s'allonger. Comme dans les autres domaines, ce ne sont pas tous les jeux qui vont passer à l'histoire, mais certaines d'entre-eux le feront sûrement. Après tout, le jeu vidéo a plus de vingt ans à présent. S'il n'a pas disparu, c'est donc qu'il est passé dans notre culture. Populaire peut-être, mais enraciné tout de même.

Cela dit, les jeux qui laisseront un souvenir durable, ce ne seront probablement pas ceux qui auront réalisé des prouesses techniques, mais bien ceux qui auront su pousser au maximum les possibilités du médium, en alliant musique, image, interractivité... et excellent scénario.

Parce que derrière les produits culturels à succès, musique et peinture exceptée, y'a toujours un écrivain ;-)

lundi 1 mars 2010

Culture vs divertissement

Avec des amis, dans les journaux, à la télé, etc, il arrive souvent qu'on parle de la différence entre ce qui constitue un produit culturel et ce qui constitue un simple divertissement.

En partant se pose le problème suivant : un truc culturel doit-il être sérieux ou peut-il divertir? À tous ceux qui auraient le réflexe de dire que les trucs légers ne peuvent pas être de la "culture", je vous ai déjà préparé une réponse imparable : Much ado about nothing / Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare. Regardez-moi ça en essayant de garder votre sérieux! Donc, on ne peut pas dire : c'est sérieux, c'est de la culture.

Alors comment faire la nuance? Avatar est-il un produit culturel? Oui, il va marquer l'évolution du cinéma, mais en dehors des artisans du cinéma, sera-t-il un jour une référence commune? Parce qu'au fond, c'est ça aussi un produit culturel : un truc commun auquel on peut faire référence, qu'on va vouloir récupérer, réutiliser. Sans Dracula, pas de Twilight. Mais sans Twilight...

Pendant longtemps, je me suis interrogée (en tant qu'écrivaine et lectrice des littératures "de genre", je suppose que c'était inévitable). Telle oeuvre est intéressante et bien faite... mais mérite-t-elle le titre de produit culturel ou n'est-elle qu'un divertissement jetable?

Et puis, dernièrement, j'ai découvert un test qui m'a semblé fiable et facile : l'épreuve des vingts ans. Le test est simple au fond : il suffit de se dire : dans vingt ans, ce livre ou ce film ou cette chanson, malgré sa technique peut-être désuette, sera-t-il encore intéressant autrement qu'en tant qu'objet historique? Il me semble que c'est en effet au bout d'une vingtaine d'années qu'on peut voir si l'oeuvre est assez solide pour être appréciée par la tranche d'âge subséquente, si elle va devenir une partie du fond culturel commun. Et l'avantage avec ce test, c'est que même mon (relativement) jeune âge me donne déjà des exemples de trucs qui ont survécu à ces fatidiques vingt ans.
Cela dit, ça m'attriste de penser que ça va prendre au moins 20 ans avant d'être débarrassée de Twilight et de Harry Potter!!!

Et là je réalise que j'ai même pas abordé la différence entre culture et culture populaire... mais y en a-t-il vraiment une?