lundi 29 septembre 2014

Parler des projets en cours

J'ai commencé à travailler sur mon roman policier. Le plan est fait, le scène à scène avance... J'ai même entamé l'écriture des premières pages! :)

Hier soir, à la faveur d'un souper avec un ami, celui-ci s'est efforcé de me tirer les vers du nez à propos de mon intrigue. Bon, normalement je ne parle pas de mes projets en cours (de peur qu'une critique de mon idée me décourage de continuer), mais l'ami ne faisant pas partie du milieu littéraire, je ne risquais pas grand chose, pensais-je...

Eh ben, j'ai bien fait de parler. Parce qu'à la faveur d'une de ces questions, de toutes nouvelles perspectives se sont ouvertes pour mon roman.

Perspectives qui impliquent de revoir le plan et le scène à scène de fond en comble!

Zut!

mercredi 24 septembre 2014

La question des devoirs et des leçons

Il semblerait que ça discute ferme dans les milieux de l'éducation de la pertinence de donner encore des devoirs et des leçons aux enfants.

Faut dire que si je me fie à ce que j'entends de la part de mes amis qui ont des enfants d'âge scolaire et ce que j'ai vécu durant mon expérience d'enseignante, les devoirs et les leçons, c'est plus ce que j'ai connu quand j'allais à l'école.

Je me souviens qu'au primaire, les professeurs nous donnaient, le lundi, les devoirs et leçons pour toute la semaine. Il y avait peu de devoirs (quelques pages d'exercices de révision) et un peu plus de leçons (des mots de vocabulaire, des verbes à accorder, des tables de multiplication). En une petite demi-heure par soir, habituellement pendant que ma mère préparait le souper, tout était expédié.

Au secondaire, j'avais un peu plus de devoirs et de leçon, mais pas de quoi ruiner une soirée. J'en faisais une partie durant mon heure de dîner, d'autre dans l'autobus au retour et il me restait à peu près rien une fois arrivée chez moi.

Mais maintenant, oh, c'est une autre paire de manche. Premièrement, la mode des devoirs donnés au début de la semaine semble s'être passée. Deuxièmement, il paraît que maintenant les enfants du primaire doivent régulièrement faire des présentations Powerpoint et des recherches sur Internet! Troisièmement, quand j'enseignais au secondaire, je me suis fait dire que je devais donner à mes élèves l'équivalent d'une heure de devoir par cours. Euh... Les jeunes ayant 5 périodes de cours dans la journée, on s'attendait vraiment à ce qu'ils fassent 5 heures de devoir TOUS LES SOIRS?!? Quand j'ai posé la question, on m'a répondu que oui. Que si leurs parents payaient l'école privée, c'était pour les voir travailler fort.

Je me retrouvais donc, comme enseignante, à passer la moitié de la période à corriger des devoirs, l'autre moitié à enseigner une nouvelle notion et au lieu de la leur faire pratiquer en classer, à leur donner un devoir la mettant en application. Et la recette se répétait le lendemain. Les élèves s'emmerdaient, je devais gérer une quantité incroyable de devoirs non faits ou mal faits et j'avais l'impression qu'ils n'apprenaient rien.

Après quelques mois, je me suis tannée. J'ai arrêté de donner des devoirs. Je donnais des lectures à faire dans le manuel, pour les préparer au cours suivant, et de temps à autre je faisais un quizz surprise pour voir s'ils avaient bien fait leurs lectures. Ainsi, ceux qui avaient lu arrivaient avec des questions pertinentes et engrangeaient des points avec les quizz. Ceux qui n'avaient pas lu obtenaient quand même la matière et ont fini l'année avec des notes respectables.

Bref, dans cette histoire de "doit-on éliminer les devoirs et leçons ou pas", je me situe dans un camp milieu. Ptêt qu'on pourrait juste recommencer à en donner en quantité raisonnable et, surtout, à donner des devoirs et des leçons que les élèves peuvent faire eux-mêmes!

Qu'en pensent ceux qui ont étudié en éducation?

lundi 22 septembre 2014

Un vide

Pendant ma grossesse, j'ai souvent ressenti durement l'absence de ma mère.

Mais depuis que ma fille est née, c'est plus difficile que jamais de ne plus avoir de maman.

Le pire, c'est que si ma mère était encore là, ma mère des dernières années, elle ne serait d'aucune aide. Et même ma mère d'avant son ACV, elle était tellement amère et aigrie, je ne sais pas si elle m'aurait été d'un quelconque secours.

Mais peu importe, par moment, ces temps-ci, ça me manque d'avoir une maman.

J'espère qu'Éliane ne connaîtra jamais ce vide-là.

Qu'elle pourra toujours pleurer son mon épaule. Y déverser ses doutes, ses craintes. Que je serai toujours là pour la serrer contre moi et lui dire "Ça va aller, chérie. Tu fais de ton mieux et je suis fière de toi."

Bon, je vais aller dormir avant de tomber davantage dans le mélodrame! ;p

(Bonne nouvelle : depuis quelques jours, la puce laisse passer 4 ou 5 heures entre ses boires nocturnes. Dormir 4 heures d'affilée, quand on était rendus habitués à des plages de 2 heures, ça fait un bien fou! Bon, la première fois on a cru que notre fille était morte dans son sommeil, mais on se calme la paranoïa là... ;)

mercredi 17 septembre 2014

Des samouraïs aux policiers

Pour ceux qui jettent un coup d'œil de temps en temps dans la section "projet" à la droite du blogue, non, vous n'avez pas la berlue : Hanaken III n'est plus listé dans les projets en cours.

La réécriture est terminé et le roman est donc dans les mains de mon éditrice!!! :)  :)  :)

Sortie malheureusement prévue seulement en 2015.

Pas grave, entretemps je vais travailler sur mon roman policier.

Le plan est fait, le scène-à-scène est ébauché, reste juste à l'écrire.

Pis faut que je me dépêche : Vincent vient de me donner de super idées pour une série d'histoires policières qui me tentent en maudit. Mais bon, un projet à la fois... ;)

J'arrive à trouver un peu de temps chaque jour pour écrire (vive le porte-bébé), mais les journées me semblent s'enchaîner à un rythme fou. Le matin, le temps qu'on se lève, qu'on nourrisse bébé, qu'on la change, que je tire mon lait, que je déjeune, que Vincent déjeune, qu'on prenne nos douches et qu'on s'habille, il est temps de nourrir bébé à nouveau et de dîner! Faut dire qu'Éliane ne supporte pas d'être déposée quelque part, alors une chance qu'on est deux, parce qu'elle nous occupe les mains! Heureusement, les après-midi sont plus relax (encore merci au porte-bébé!).

Allez, je vous laisse sur une photo (fais longtemps que j'en ai pas mise ;)

Moment de douceur mère-fille

lundi 15 septembre 2014

De la valeur d'un texte et de son concept

Des fois, tu lis un texte d'un écrivain et tu le trouves puissant, parce que très noir.

En lisant tu te dis : "Oh boy, c'est misogyne en maudit comme histoire et la vision de la justice est assez œil pour œil, dent pour dent. L'écrivain a dû remuer ben des trucs sombres en lui pour se plonger dans un tel pessimiste et pondre un concept pareil."

Puis tu rencontres l'écrivain. Tu jases avec.

Et tu en arrives à conclusion que non, finalement, l'écrivain n'a pas remué grand chose de sombre en lui pour inventer son concept. Il n'était pas pessimiste dans son texte.

Il EST un redneck misogyne qui croit que les femmes devraient porter des enfants en silence, qu'elles les veuillent ou non, et que tous les criminels devraient être pendus, sans procès de préférence.

Du coup, la valeur du texte et de son concept se retrouve, à mes yeux, plutôt diminuée. Et je n'arrive plus à relire l'œuvre que j'avais appréciée tant que je la pensais pure fiction, parce que là tout ce que j'entends c'est le programme politique de cet écrivain.

Est-ce que je suis la seule à réagir de même? Ou j'ai juste l'esprit de contradiction?

(Non, je ne vais pas nommer l'écrivain... Pas ici en tout cas. On en jasera de vive voix un moment donné! ;)

jeudi 11 septembre 2014

Le dit du Musè (21)

La puce nous réveille. Alors que je commence à lui retirer son pyjama, mon chéri, les yeux encore collés de sommeil, me lance :

Lui - J'ai rêvé qu'il ne fallait pas mettre les maisons au micro-onde, sinon ça faisait pop pop pop pis on obtenait des condos.

L'image m'a fait rire. Je voyais le gigantesque micro-onde où on enfournait des bungalows qui éclataient en petits condos comme du popcorn...

Ouaip, à trois heures du matin, après avoir dormi un maximum de deux heures d'affilées, un rien nous amuse! ;)

mercredi 10 septembre 2014

Les 10, ou plutôt 11, bouquins qui m'ont définie

C'est la rage présente sur Facebook : demander aux gens d'énumérer les 10 livres qui les ont le plus marqués. Mais personne ne m'a tagguée pour que je fasse ma propre liste. Soit tous mes contacts Facebook respectent mon statut de nouvelle maman, soit personne ne voulait savoir quels livres m'ont marquée.

Ben tant pis, je vous les énumère pareil! ;) En passant, toutes ces lectures peuvent avoir l'air de lectures d'adulte, mais j'ai lu la majorité de ces bouquins entre la fin de mon primaire et ma deuxième année du secondaire. À la même époque, je lisais aussi les livres québécois publiés chez Médiaspaul, mais à la vitesse à laquelle je les dévorais, ils n'avaient pas tellement le temps de me marquer.

1- Le Seigneur des anneaux de JRR Tolkien

Il me faut rendre à César ce qui lui revient et placer Tolkien au premier rang. Durant mon adolescence, je lisais le Seigneur des Anneaux au moins une fois par an. C'est le livre qui m'a fait tomber en amour avec la fantasy... avant que les innombrables copies et histoires dérivées ne finissent par m'en dégoûter.

2- Les Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas

Avant de lire Dumas, je ne savais pas qu'on pouvait faire d'aussi longues phrases. Je ne savais pas non plus qu'on pouvait écrire un roman "historique" avec des personnages qui n'ont jamais existé. Les Trois mousquetaires ont donc été à l'origine de mes objectifs de carrière : devenir écrivaine et publier des romans historiques. (Et pour ceux qui se rappellent que ma vocation m'est venue très tôt, je ne suis pas embrouillée dans ma chronologie : lors de ma première lecture de Dumas, je devais avoir neuf ans).

3- Yoko Tsuno, série de bandes dessinées, par Roger Leloup

Mon amour pour le Japon et les arts martiaux s'est développé grâce à ces bandes dessinées. Je ne sais pas si mon père, en me les offrant, espérait que je devienne une "scientifique" comme Yoko (qui est électronicienne). Le personnage de Miuri, ma policière nippo-québécoise, a sans doute été fortement inspirée de Yoko, même si ce n'était pas conscient au moment où je l'ai créée.

4- La Nuit du renard de Mary Higgins Clark

Ce fut mon premier contact avec le roman policier pour adulte, le roman à suspense, ainsi que mon premier "page turner". Je crois que c'est la première fois que la mécanique d'un roman et de son intrigue m'a fascinée. J'm'en suis jamais complètement remise, même si je préfère maintenant mes romans policiers en version plus noire.

5- Les Dames du lac et Les Brumes d'Avalon de Marion Zimmer Bradley.

En commençant ces livres, je croyais lire un truc de fantasy médiévale comme un autre. Or, tout m'a marquée dans ces bouquins. La légende arthurienne, le celtisme, le paganisme, les éléments fantastiques, les personnages féminins mis au premier plan... Suite à cette lecture, j'ai eu une passe wicca-druidique-girl power. Puis j'ai réalisé que c'était une œuvre de fiction, que je n'avais pas la Double Vue, et je me suis calmée! ;) Mais ces deux romans ont été à l'origine de mon intérêt pour le Haut Moyen Âge, l'Antiquité tardive, les religions pré-chrétiennes, ainsi que l'histoire et la culture Celte en général.

6- Les Rois Maudits de Maurice Druon

Contrairement à mes autres lectures du genre, ce roman n'était pas seulement "à saveur historique", mais il s'agissait d'un monument de recherche et de documentation, où tous les personnages avaient réellement existé... et pourtant le récit ne manquait ni d'action, ni de rebondissement, ni de protagonistes hauts en couleur. Un jour, j'en écrirai un comme ça moi aussi! ;)

7- L'affaire Charles Dexter Ward de HP Lovecraft

Comme beaucoup de gens, c'est par ce récit que j'ai fait la rencontre avec Lovecraft, l'horreur, le mythe de Cthulhu... Difficile de ne pas en être marquée quand on le lit à un jeune âge. Adulte, on réalise que Lovecraft écrivait à une époque pré-atomique, où l'horreur ultime viendrait de l'extérieur du monde connu. Depuis, l'humain a découvert plein de façon de s'annihiler lui-même.

8- Entretien avec un vampire d'Anne Rice

En s'inspirant du parfum sulfureux qui entourait le mythe victorien du vampire, Anne Rice a recréé le genre... et m'a appris le pouvoir des descriptions sensuelles et des ambiances bien campées. J'ai fini par me lasser de son univers, mais ça a été long. ;)

9- Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand

Cette pièce marque ma rencontre tout à la fois avec la poésie et le théâtre. Plus j'apprends à jouer avec les mots, plus je suis impressionnée par le tour de force que constituent ces alexandrins morcelés, au rythme rapide et précis. Contrairement à d'autres livres de cette liste (auxquels mes yeux de lectrice exercée trouvent désormais des défauts), je peux encore relire celui-ci et y trouver le même plaisir qu'avant.

10- Les robots d'Isaac Asimov

J'ai rencontré la science-fiction grâce à Asimov. Et je crois qu'avec le petit côté ludique et léger qu'il insufflait souvent à ses récits, il m'a donné des mauvais plis. Depuis, j'ai du mal avec la SF qui se prend trop au sérieux.

Je triche et je rajoute un dernier livre :

11- La série La Tour Sombre de Stephen King

Je place volontairement King en dernier. Je l'ai lu assez tôt dans ma vie, mais même si je trouvais ses bouquins divertissants (ou délicieusement effrayants), rien de ce qu'il a écrit ne m'a particulièrement marquée avant que mon chum ne me fasse découvrir la série de la Tour Sombre. Après, j'ai repris les récits de King et j'y ai vu une nouvelle dimension. King a non seulement créé sa mythologie personnelle (notamment avec le sorcier Flagg qu'on rencontre dans "Les yeux du dragon"), mais il sait aussi créer comme personne des personnages véritables "plébéiens".

lundi 8 septembre 2014

Où en est l'écriture?

Bon, alors, après la série de billets détaillant les hauts et les bas de mon accouchement et de ses suites, et si je vous faisais un petit bilan côté écriture?

Ma puce ayant la gentillesse de dormir comme un charme dans son porte-bébé (en fait, faut même qu'on se limite : je pense qu'elle pourrait y passer la journée si on la laissait faire!), j'arrive à écrire quelques heures par jour. Bon, pas longtemps, mais c'est plus que ce que j'espérais à ce stade-ci! :) (En fait, le principal obstacle pour bien profiter de ce temps, c'est le manque de sommeil. Avec le cerveau en compote, c'est plus facile de traîner sur Facebook ou d'écrire un billet de blogue que de travailler sur des projets sérieux!)

Ça m'a permis de réviser la courte nouvelle "Sentence incarnée" qui paraîtra dans le prochain numéro de Solaris, de continuer d'avancer la réécriture d'Hanaken III (oui, oui, ça s'en vient!) et d'écrire un texte pour les 1000 mots (pas eu le temps de finir le deuxième par contre).

Entretemps, le troisième épisode des aventures de Marie-l'agente-du-SCRS (l'héroïne de "Trois coups l'annoncent" et "Comme on se retrouve") a été accepté par Alibis. Il paraîtra bientôt, sous le titre "N'en déplaise à James Bond".

À part ça, je planifie une apparition au méga lancement des Six Brumes et de Brins d'éternité, le 11 octobre prochain. Dépendamment de comment les choses vont évoluer avec la puce, elle sera peut-être de la partie.

C'est pas mal tout pour le moment. Et vous, ça va? ;)

vendredi 5 septembre 2014

La première aventure d’Éliane - Épilogue - Maudite balance

La première demi-journée à la maison avec la puce s’est super bien passée. Elle buvait bien et dormait entre les boires. La nuit a aussi été relativement facile. Enfin, pour moi. Pour mon chum qui expérimentait pour la première fois le sommeil fractionné, ça a été plus dur. Par contre, c’était bizarre : ma montée de lait, vigoureuse la veille, semblait être moins remarquable. Je n’avais jamais les seins engorgés ou durs ou douloureux... Bah, c’était peut-être juste parce que la puce tétait bien...

Le lendemain, la puce était un peu plus plaignarde. Elle chignait entre les boires et était difficile à rendormir. Mais bon, c’est ça aussi avoir un bébé, on le savait, alors malgré notre fatigue intense, on s’est relayés pour la bercer. C’est là qu’on a découvert que j’avais vraiment eu une bonne idée en demandant un porte-bébé « Maman Kangourou » comme cadeau. Une fois enroulée dans l’écharpe et bien serrée contre nous, notre fille dormait comme un charme.

Cette nuit-là a été difficile. La puce refusait de dormir après les boires. À l’hôpital, lors du suivi, on a découvert qu’elle avait encore perdu du poids. À un rythme alarmant. Maudite balance! Ma puce n’avait même pas deux semaines que déjà elle en subissait la tyrannie. On m’a dit de tirer mon lait après le boire et d’essayer de lui donner au gobelet. Peut-être qu’elle ne tétait pas efficacement... On nous a donné un rendez-vous pour le lendemain.

Je n’ai pas pu essayer leur histoire de gobelet : dès le retour à la maison, ma fille s’est mise à pleurer et à hurler presque sans discontinuer. La seule chose qui la calmait, c’était lorsque je la mettais au sein. Je me suis donc retrouvée à allaiter pendant presque 18 sur les 24 heures suivantes. Au moins, me suis-je dit, elle prendrait du poids avec toutes ces tétées...

Hé bien non. Le verdict est tombé à l’hôpital : elle avait encore maigri. Elle s’était épuisée à téter. Soit je n’avais pas assez de lait, soit elle n’arrivait pas à aller chercher le lait le plus nutritif. On nous a donné des biberons de lait pour prématuré, à donner à la puce après le boire au sein, histoire d’essayer de lui faire prendre de l’énergie et des calories. Et on devait retourner à l’hôpital le lendemain matin. La méthode, crève cœur pour moi car je ne voulais pas que la puce prenne l’habitude du biberon, a fonctionné : 24 heures plus tard, elle avait repris un peu de poids. On m’a prescrit un médicament pour augmenter ma production de lait, puisque je leur ai dit que je n’avais jamais les seins engorgés. Peut-être que c’était ça le problème. On m’a aussi dit de tirer mon lait après chaque boire et de lui donner au biberon.

J’ai cru voir une amélioration de ma production de lait. La puce semblait dormir un peu mieux. On s’est déplacés à l’hôpital tous les matins pendant trois autres jours. La puce engraissait enfin, quoique vraiment lentement. On a diminué la quantité de lait pour prématuré qu'on lui donnait et on a compensé avec le lait que je tirais entre deux boires. L’hôpital a passé la main au CLSC pour assurer le suivi. On a eu des nuits un peu plus faciles. Pas beaucoup plus faciles, mais un peu.

L’infirmière du CLSC est venue peser la puce... Et, merde, elle avait à peine engraissé! J’étais découragée. Je pleurais. L’infirmière m’a examinée et a constaté que ma montée laiteuse ne semblait pas s’être vraiment installée, malgré le médicament. Elle nous a donné un horaire à respecter : toutes les trois heures, je devais mettre la puce au sein, puis la changer de couche, puis la remettre au sein, puis lui donner à boire du lait que j’avais préalablement tiré, puis tirer du lait (en prévision du boire suivant), tandis que mon chum essayait d’endormir la puce. L’infirmière a dit qu’elle reviendrait 48 heures plus tard pour faire un contrôle.

On s’est lancés dans cette nouvelle routine. En tout, il nous fallait entre une heure trente et deux heures pour la compléter, car la puce tétait longtemps, puis pleurait et refusait de dormir. Et le cycle se répétait toutes les 3 heures. Ça nous laissait une heure pour dormir entre les boires. Quand l’infirmière est revenue, on était épuisés, physiquement et moralement.

Et la puce, bien qu’elle ne montre aucun signe de déshydratation, n’avait pas pris un gramme. Et mes seins produisaient plus, mais ne devenaient toujours pas engorgés. C’est alors qu’on a fini par mettre le doigt sur le problème. Mon lait maternel, une fois réfrigéré, aurait dû se déphaser en une bonne couche de gras (jaunâtre chez la plupart des femmes) et du lait (blanc ou bleuté) à haute teneur en eau. Le mien, même après deux jours de réfrigération, restait blanc et clair, comme du lait 1%. Ma montée laiteuse s’était faite à moitié, sans doute à cause de l’épuisement de mon séjour à l’hôpital (ainsi que de l'absence de contact peau à peau précoce avec ma puce, et du fait qu'elle n'a pas vraiment été allaitée à la demande dans ses premiers jours de vie, et peut-être aussi parce que j'ai été mal coachée puisqu'on aurait dû me dire que des tétées de deux heures c'était pas normal...). Enfin, bref, mon corps n’avait pas reçu les bons signaux et ne produisait pas de lait nutritif.

L’infirmière, pourtant plutôt du genre « nazi de l’allaitement » comme il y en a tant dans les hôpitaux et les CLSC, m’a alors dit : « Tu as fait tout ce que tu pouvais, c’est le temps de passer au biberon ».

Je pense que j’ai braillé toutes les larmes de mon corps. Je voulais tellement allaiter! Je n’avais pas réalisé à quel point c’était important pour moi avant qu’on me dise que je ne le pouvais plus. Je n’avais pas pensé que j’aurais des problèmes pour ça aussi. Nourrir son enfant au sein, c’est un contact magique, chargé d’émotions. En plus, pendant les premiers jours de la vie de ma fille, ça avait été notre seul contact. Je ne voulais pas le sacrifier. Dans les cours prénataux on nous avait chanté sur tous les tons que l’allaitement était toujours possible, que c’était une question de volonté, de discipline, deux trucs dont je manque pas d'habitude! Depuis la naissance de ma puce, j’avais fait tout ce que je pouvais pour sauvegarder mon allaitement et lui donner tous les bienfaits du lait maternel... Et là j’apprenais qu’en faisant tout ça, je lui avais nuit. Je pense que je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. J’aurais repassé immédiatement à travers trois accouchements juste pour ne pas vivre cette sensation-là.

Quand j’ai réussi à penser à nouveau clairement et logiquement, Vincent et moi, avec l'aide de l'infirmière, avons établi une nouvelle marche à suivre. Je donnerais le sein à ma puce quelques minutes au début de chaque boire, puis on lui servirait le lait commercial au biberon. Ensuite, si elle voulait encore du réconfort, je la remettrais au sein un peu. Et tandis que mon chum la bercerait pour l’endormir, j’irais tirer mon lait, histoire d’en faire des réserves et de pouvoir, lorsque ma production se sera tarie (ce qui arrivera plus tôt que tard en limitant ainsi les moments où c’est bébé qui tète), mêler un peu de lait maternel à la préparation commerciale. Parce que même s’il n’est pas nutritif, mon lait contient des anticorps qui seront bénéfiques à ma puce tout au long de sa croissance.

On suit cette méthode depuis une semaine. La routine du boire est passée d’une heure trente toutes les trois heures à environ quarante-cinq minutes toutes les trois heures et demi ou même quatre heures. Notre fille va mieux : elle pleure moins, dort plus profondément, sourit davantage. Elle s'est arrondie sous nos yeux et, à la visite de contrôle au CLSC il y a trois jours, elle avait enfin engraissé notablement. Ouf!

Par contre, l'infirmière du CLSC, pas au courant des détails du dossier, a essayé de me pousser à reprendre l'allaitement exclusif. Pas question. Je ne vais pas jouer avec la santé de ma puce. 

C'est dur, mais je fais tranquillement mon deuil de l’allaitement. J’essaie de voir le bon côté des choses : avec le biberon, mon chum peut s’impliquer davantage. Ce sera plus facile de faire garder notre fille.

Même si, pour le moment, tout ce que j’ai envie de faire, c’est de la garder serrée contre moi.

Est-ce que la maternité c’est ce que j’espérais? Quand, comme en ce moment, ma puce dort dans le porte-bébé, oui, tout à fait.

Mais je souhaite que les prochains mois comportent moins d’inquiétudes et de larmes, davantage de sourires. Que les prochaines aventures d’Éliane soient des comédies plutôt que des drames.

J’haïs ça les drames! :p

jeudi 4 septembre 2014

La première aventure d’Éliane - Épisode 4 - Encore l’hôpital qui rend fou

Durant les deux jours suivants sa naissance, ma puce est restée dans la pouponnière, branchée à un soluté, un moniteur cardiaque, un moniteur de température, un capteur de saturation d’oxygène sanguin, etc. Vincent a pu la prendre dans ses bras deux fois, gantés et vêtus de pied en cap. Moi, je pouvais la prendre contre ma poitrine pour l’allaiter. On m’appelait dans ma chambre, je me rendais à la pouponnière et je donnais le sein à ma puce, sous les yeux de l’équipe d’infirmières. Il y en avait toujours une pour me donner un truc ou un autre. Bientôt, je suis devenue assez experte.

Mais j’avais l’impression d’apprendre ma job de maman d’une drôle de manière. Ma puce avait 48 heures, je n’avais toujours pas changé sa couche, personne ne lui avait donné de bain, je ne savais pas reconnaître ses signaux de faim : on m’appelait pour me prévenir lorsqu’elle voulait téter. Je savais comment la mettre au sein dans trois positions différentes, comment ouvrir et refermer son incubateur, comment recoller les maudits capteurs de rythme cardiaque qui passaient leur temps à se défaire... Disons que ce n’était pas vraiment l’expérience que j’avais imaginé.

Pour mon chum, c’était pire : il n’avait rien d’autre à faire que de tourner en rond dans la chambre pendant les allaitements, puis me prendre dans ses bras et tenter de me consoler quand je revenais en pleurant. Parce que les tests de laboratoire arrivaient au compte-goutte et dressaient des hypothèses fort sombres : la puce avait peut-être un Step B, peut-être une méningite, peut-être une autre infection... Après un bout de temps, Vincent a pris l’habitude de venir m’aider à m’installer pour allaiter dans la pouponnière. Cela déchargeait les infirmières, lui permettait de toucher la puce pendant quelques secondes et de recevoir les nouvelles en même temps que moi. Parce que dans les pavillons de naissance, on a découvert assez vite que les pères sont plutôt négligés.

Un matin, Vincent a croisé mon médecin en se rendant à la pouponnière. Celui-ci lui a demandé des nouvelles du bébé et l’a accompagné à la pouponnière où le pédiatre était justement en train de faire sa visite. Alors que mon chum, ébahi, pensait que mon médecin faisait enfin preuve d’humanité et s’impliquait dans mon dossier, ce dernier s’est lancé dans une grande conversation avec le pédiatre... en espagnol. Conversation qui s’est terminée un bon dix minutes plus tard et que mon médecin a résumée ainsi à mon chum « Ça va bien aller ». Puis il est parti. Un cyborg, on vous dit. Le pédiatre, lui, a heureusement pris la peine de donner clairement les dernières nouvelles. Qui se résumaient ainsi : on ne savait pas exactement ce que la puce avait eu, à part que c'était une infection aux poumons.

Jeudi soir, on m’a informée que j’avais mon congé de l’hôpital. Mes quelques points de suture guérissaient bien, ma tension était redevenue normale, ma glycémie semblait correcte également, même mon ventre était en train de disparaître, parce que les allaitements provoquaient en moi de fortes contractions inverses qui faisaient se rétracter mon utérus à grande vitesse. J’étais catastrophée : je ne pouvais pas partir et laisser ma puce toute seule à la pouponnière! Je ne me voyais pas rentrer chez moi, contempler le parc, la chambre rose, les pyjamas soigneusement alignés... On m’a rassurée : nous pourrions garder la chambre tant que le pavillon ne serait pas trop plein.

Vendredi matin, on nous a dit que notre puce, en plus du reste, faisait une jaunisse. Une lampe UV s’est ajoutée à son incubateur. Et on lui a mis de petites lunettes pour protéger ses yeux. Le traitement de photothérapie, nous a-t-on assurés, serait de courte durée. En plus, comme elle était sous antibiotiques depuis plus de 48 heures, il était possible qu’on puisse bientôt la sortir d’isolement. Il restait juste à recevoir les résultats d’un dernier test de labo. Si l’isolement se terminait, on pourrait enfin cohabiter avec elle.

Alors qu’on ressortait de la pouponnière, le cœur attendri à l’idée de pouvoir enfin ramener la puce dans notre chambre et la câliner à mains nues, on nous a informés que l’aile des naissances était pleine. Nous ne pouvions plus garder notre chambre.

Quoi? Mais qu’est-ce que c’était que cette histoire? D’un côté on nous donnait espoir de pouvoir commencer à jouer enfin notre rôle de parent et de l’autre on nous mettait dehors? Comment est-ce que j’allais allaiter ma fille si je ne pouvais pas rester à l’hôpital? La porteuse de mauvaise nouvelle a essayé de me rassurer : on allait me donner un lit dans une chambre de débordement à trois places. Mon chum ne pourrait pas rester avec moi pour la nuit, mais moi j’aurais un endroit où dormir entre les boires.

Mais... Et si la puce pouvait enfin sortir de la pouponnière? Oh, il n’y avait pas de problème m’a répondu la dame : elle pourrait cohabiter avec moi dans cette chambre de débordement. Je ne devais pas m’en faire, la chambre était parfois occupée dans la journée (par exemple pour des suivis de tension artérielle comme j’en avais eu quelques-uns), mais elle était presque toujours vide la nuit. Je l’aurais à moi toute seule.

Moi toute seule. Comme dans « moi, nouvelle maman, toute seule avec nouveau bébé, sans papa pour aider ». La perspective ne me rassurait pas. Mais bon, la puce n’était pas encore sortie d’isolement...

Mon chéri et moi avons trié les affaires apportées à l’hôpital. On a essayé de réduire ce que je garderais avec moi au strict minimum. Comme Vincent devrait désormais retourner dormir à la maison (à trente minutes de voiture de l’hôpital), il en profiterait pour se ravitailler en bouffe, m’apporter des vêtements propres, etc. On s’est installés dans ma nouvelle « chambre ». Je disposais d’un lit étroit, une table de chevet, une table pouvant glisser au-dessus du lit et un beau rideau orange pour m’isoler du reste de la salle. Salle de bain partagée, douche dans le corridor. Entre mon lit et le rideau fermant la « chambre » suivante, un petit espace qui serait juste assez large pour y glisser éventuellement un lit de bébé standard d’hôpital.

Quelques heures après nous être installés, d’autres personnes se sont mises à arriver dans la salle. Bientôt, les trois lits de la chambre de débordement étaient occupés. On est sortis prendre un peu d’air. À notre retour, les infirmières de la pouponnière nous attendaient avec une bonne nouvelle. Tous les tests étaient revenus négatifs : la puce n’avait ni le Step B, ni une méningite. Son infection pulmonaire restait non identifiée, mais était faible et n’était probablement pas contagieuse. Elle devrait rester sous antibiotiques pour encore 4 jours, et sous lampe UV pour encore 24 heures, mais elle était désormais hors de danger et pourrait cohabiter avec moi.

L’incubateur ne pouvant pas loger entre mon lit et le rideau du lit voisin, il a été installé au pied de mon lit, ce qui m’obligeait à garder mon rideau ouvert pour voir ma puce. Quand est venue l’heure du boire suivant, mon chum et moi avons eu l’impression de faire quelque chose de presque illégal en prenant notre puce à mains nues. Mes dieux que sa peau était douce sous nos doigts! On n’a pas pu la câliner très longtemps, elle devait retourner dès que possible sous sa lampe de photothérapie, mais Vincent l’a bercée un instant, encombré par le fil du soluté.

La journée a passé. On s’est occupé des boires. On a changé quelques couches. Puis le soir est venu. Vincent est parti, le cœur gros, inquiet pour nous deux. Et j’ai entamé ma première nuit de maman.

Mettons que ça n’a pas été de tout repos. Entre les boires, les changements de couche, la puce qui a pleuré pendant des heures dans son incubateur (dont je ne devais pas la sortir) et la pompe du soluté qui sonnait à toutes les heures (parce que les infirmières devaient venir s’assurer que le soluté n’était pas infiltré hors de la veine avant de la repartir), et le bébé du lit voisin qui a pleuré beaucoup lui aussi, j’ai dormi à peu près deux heures.

Vincent est arrivé de bonne heure le lendemain matin. Il n’avait pas beaucoup dormi lui non plus, inquiet de savoir comment je m'étais débrouillée pour sortir seule la puce de l'incubateur et l'amener jusqu'à mon lit tout en traînant son soluté. Il m’a relayée pour les soins à notre fille, entre les boires, et il s’est occupé d’appeler les infirmières lorsque la pompe du soluté sonnait. J’ai donc dormi un peu. En fin de journée, la puce a été transférée de son incubateur à un lit normal.

Cette nuit-là, j’ai dormi un peu plus. J’étais seule dans la chambre et je prenais le rythme de la puce. La journée du lendemain a été une répétition de la veille : arrivée de Vincent, siestes pour moi, un peu de visite d’amis et de parents. Va et vient causé par les occupants des autres lits.

La troisième nuit a bien commencé. J’étais seule encore dans la chambre. La puce a dormi presque quatre heures de suite. Malheureusement, après ce long sommeil, l’infirmière qui passait a constaté que le soluté était infiltré. J’ai donc dû accompagner ma fille à la pouponnière pour qu’on lui installe un nouveau cathéter. Les infirmières étant débordées, c’est moi qui devait tenir mon bébé, qui hurlait, tandis qu’on essayait de lui entrer une aiguille dans les veines. J’avais l’impression d’être un bourreau. J’ai pu constater que ma fille avait malheureusement hérité de mes canaux sanguins : il a fallu cinq veines pétées avant d’en trouver une qui acceptait le cathéter.

L’expérience m’a vidée. Ma puce aussi d’ailleurs : elle a refusé de dormir par la suite. Elle pleurait et mes bras, qui jusque là avaient un effet apaisant presque magiques, ne suffisaient plus à la consoler. J’ai eu vraiment hâte que mon chum arrive.

Durant la journée, qui devait être notre avant-dernière si tout se passait bien, j’ai commencé à avoir ma montée de lait. Enfin! Je commençais à m’inquiéter, car on m’avait dit que ça prenait trois jours après la naissance... Ce jour-là, l’aile des naissances a continué à être bondée, si bien qu’en fin de journée, nous étions trois mamans avec bébé dans la chambre de débordement. Ça promettait pour la nuit...

Et ça a tenu ses promesses : entre la pompe du soluté, les pleurs de ma puce, les hurlements des deux autres bébés (confinés à des incubateurs avec lampe UV), ainsi que les cris d’une maman qui accouchait dans une chambre voisine (et qui s’époumonait en disant « ça fait mal », ce qui n’était pas exactement une nouvelle révolutionnaire méritant d’être ainsi ébruitée), j’ai dormi 45 minutes au total dans la nuit. J’peux-tu vous dire qu’entre le manque de sommeil et les hormones, quand mon chum est arrivé au matin, je braillais comme une madeleine? Baby blues vous dites? Dans le tapis, oui!

Ce jour-là, après avoir finalement retiré le soluté de la puce et juste avant d’obtenir notre congé, notre fille a été pesée. Oups, alors qu’elle prenait quelques vingt grammes par jour depuis 3 jours, elle avait perdu un peu de poids cette fois. Bah, pas grave nous a-t-on dit, ça pouvait être une variance journalière normale. Ou alors c’était la conséquence du retrait du soluté, qui la nourrissait quand même un peu par intraveineuse. On a nous a dit de revenir dans deux jours pour un suivi.

Et on est partis avec notre petite fille. J’ai ressenti une impression de délivrance immense. Et, enfin, j'aurais de l'aide pour m'occuper d'elle la nuit!

mercredi 3 septembre 2014

La première aventure d’Éliane - Épisode 3 - Le retour du cyborg

Je vais vous dire franchement, à partir de 16h, les événements deviennent un peu flous pour moi.

Je suis restée assise sur mon lit, en position de méditation, les yeux fermés, à me concentrer sur mon souffle, avec la voix de Vincent pour me remettre dans le bon chemin lorsque je m’égarais. Je voyais les contractions comme une vague qui arrivait et repartait. Appliquant les techniques de contrôle de la douleur que Vincent m’a enseignées en même temps que les arts martiaux, je considérais la souffrance comme une donnée parmi d’autres au lieu de me concentrer dessus : j’étais assise sur un lit, j’avais les yeux fermés, le drap était frais, mon front était chaud, j’entendais battre le cœur du bébé grâce au moniteur et, oh, de temps en temps j’avais mal. Je me souviens qu’à un moment mon chum m’a demandé si ça me dérangeait qu’il me mange dans la face et je lui ai répondu que pour ce que je percevais de mon environnement, il pouvait enfiler le costume du Bonhomme Carnaval, je m’en rendrais pas compte. L’infirmière a eu l’air de nous trouver comiques.

Je me souviens qu’à un autre moment, peut-être vers 17h30, soit après cinq heures et demi de contractions aux deux minutes, juste avant que l’infirmière ne m’examine j’ai eu un nouvel accès de découragement. Je n’avais pas l’impression que le travail progressait et je sentais mes réserves d’énergie et de patience commencer à baisser. Je me suis dit que si j’étais rendue à 8 centimètres, j’arriverais à passer à travers l’accouchement. Mais que si je n’y étais toujours pas, je devrais considérer à nouveau l’idée de l’épidurale. Le verdict de l’infirmière est tombée : 8 centimètres. J’étais soulagée. J’aurais la force de finir.

Vers 18h, mon col était complètement ouvert et ce fut le moment de commencer à pousser le bébé hors de moi. Enfin! Comme promis, les contractions se sont transformées. Elles ne semblaient plus résonner uniquement au niveau du col de mon utérus, mais mobiliser tout mon corps. C’était une force immense, qui m’invitait à travailler avec elle. L’infirmière, qui me tenait une jambe tandis que mon chum soutenait l’autre, m’a expliqué que je devais forcer à l’aide des muscles pelviens, en bloquant ma respiration. Ça me semblait complètement contre-intuitif (d’habitude, quand on force, on doit expirer pour que les muscles travaillent bien). Fidèle à moi-même, j’ai décidé d’expérimenter (ben oui, même au milieu d’un accouchement... je sais, je suis un peu folle). J’ai essayé de pousser en bloquant mon souffle, comme le recommandait l’infirmière, puis de pousser en expirant. Et là j’ai compris d’où venait cette histoire de respiration bloquée. Mon utérus occupait tellement de place dans mon ventre que si je remplissais mes poumons et que je poussais ensuite, les poumons exerçaient une pression sur l’utérus et aidaient le bébé à descendre, ce qui était plus efficace que de pousser uniquement à l’aide des muscles. J’ai donc rassemblé mes forces et poussé, en impliquant mes abdominaux dans l’effort.

Quinze minutes plus tard, le moniteur a perdu le cœur de ma puce : elle était déjà descendue trop bas dans mon bassin. Mon chum pouvait apercevoir les cheveux à l’occasion des poussées. Il m’encourageait en m’expliquant la progression qu’il constatait d’une poussée à l’autre. L’infirmière a appelé mon médecin, qui est venu poser un capteur de rythme cardiaque sur la tête de ma puce. Puis il est reparti en me disant à nouveau qu’on se verrait plus tard. Euh... Je ne comprenais pas pourquoi il repartait. Je sentais que la puce serait dehors dans quelques instants.

Mon infirmière m’a dit qu’il fallait compter à peu près une heure de poussée pour accoucher d’un premier bébé. Dans ma tête, je me suis dit qu’il n’était pas question que ça prenne encore 45 minutes. Je sentais mes forces diminuer. J’ai bien respiré, rassemblé ce qui me restait d’énergie et je me suis concentrée pour que chaque poussée soit la plus efficace possible. Paraît qu’il y a des femmes qui se font éclater quelques veines du visage en poussant. Pour ma part, je me suis fait péter les veines jusque sur les épaules et dans le haut du dos. J’ai toujours tendance à ne pas faire les choses à moitié, mais ça a payé!

À 18h30, mon infirmière a appelé mon médecin. La tête était en train de sortir. Une autre infirmière est venue nous informer que le médecin terminait un autre accouchement et arrivait. Sauf que je sentais bien que ma puce ne voulait pas attendre. Et moi non plus, honnêtement. La sensation d’une tête de bébé qui passe par les « voies naturelles », c’est vraiment spécial, mais ça donne pas envie de s’y éterniser.

Les infirmières m’ont dit de pousser juste assez pour endurer les contractions en attendant le médecin. J’ai alors informé la nouvelle venue que je n’avais pas d’épidurale (parce que je savais qu’avec l’épidurale, on sent moins bien les contractions lors de la poussée). Après un instant d’incrédulité, cette infirmière a commencé à essayer d’appeler un médecin résident. J’ai senti venir une autre contraction. Je leur ai fait remarquer que ça ne me dérangeait pas du tout d’être accouchée par une infirmière.

L’une des infirmières a pris la place du médecin et, trois poussées plus tard, tandis que le médecin résident franchissait la porte de ma chambre, ma puce naissait à 18h35. Aussitôt, elle a été déposée contre mon ventre.

J’ai ressenti un instant de bonheur intense.

Aussitôt envolé. Ma fille était bleue et flasque. Elle ne bougeait pas. Les infirmières se sont mises à la frictionner. Elle a poussé quelques râles, mais elle ne respirait pas.
Mon médecin est arrivé, tandis que les infirmières prenaient ma puce et la mettaient sous oxygène. Le médecin a extraie le placenta et commencé à m’expliquer qu’il allait me geler localement pour me faire quelques points de suture, mais que j’allais sentir quand même des tiraillements, vu que je n’avais pas d’épidurale. Pendant ses explications, j’avais la tête tournée vers le coin où les infirmières s’activaient. Qu’est-ce que j’en avais à foutre de quelques points de suture? Je venais de donner naissance, ce qui faisait bien plus mal, et ma fille était en danger. Le médecin a commencé à me recoudre. En m’assurant que « mon bébé allait bien ». Au moment même où il l’a dit, j’ai entendu une infirmière appeler le pédiatre de garde et lui demander de venir en urgence. « Bien » mon œil!

Les infirmières sont parties avec ma puce à la pouponnière et j’ai dit à mon chum d’y aller avec elle, le temps que mon médecin finisse de me recoudre. Vincent semblait complètement perdu. Il savait que la puce n’allait pas bien, mais ne savait pas si moi j’étais correcte. Je suppose que comme je lui ai dit de suivre la puce, il a compris que tout était normal de mon côté. Quand le médecin a eu fini sa broderie, il est parti sans dire un mot, ce qui était aussi bien parce que j’étais pas d’humeur à être aimable. Une infirmière demeurée avec moi m’a demandé si j’aurais la force d’aller à la pouponnière à mon tour. J’étais assise avant qu’elle ne finisse sa question. Elle m’a aidée à ne pas m’emmêler dans mes solutés.

À la pouponnière, je suis arrivée juste au moment où une infirmière installait un sac en plastique sur la tête de mon bébé! Heureusement, tandis que je paniquais un peu, Vincent m’a expliqué que notre fille avait eu un masque à oxygène jusque là, mais qu’avec la cagoule de plastique, ce serait plus simple de l’aider à respirer. Notre puce râlait, criait et luttait à chaque respiration. Beaucoup de sécrétions ont été aspirées de ses poumons. Finalement, elle s’est mise à respirer un peu plus facilement, mais elle est restée sous oxygène, afin de s’assurer que son cerveau n’en manque pas.

Le pédiatre nous a alors annoncé qu’il soupçonnait une infection pulmonaire au Strep B, malgré les antibiotiques qu’on m’avait administrés. Notre fille allait devoir rester en isolement à la pouponnière, sous antibiotiques intraveineux et branchées à des moniteurs. Peu à peu, on diminuerait son apport en oxygène, en espérant qu’elle arriverait éventuellement à s’en passer. Entretemps, on lui donnerait des antibiotiques, on lui ferait une ponction lombaire et divers autres prélèvements pour contrôler son état.

Vincent et moi sommes retournés dans notre chambre, effondrés.

Vers 22 heures, on est venu nous dire que la puce se passait enfin d’oxygène. On m’a invitée à l’allaiter... en respectant les mesures d’isolement anti-contagion. Moi qui rêvait depuis neuf mois de notre premier contact peau à peau, je me suis retrouvée assise dans un coin de la pouponnière, avec des gants de latex et une jaquette stérile sur le dos, un seul sein sorti de mes vêtements et, dans les bras, un bébé relié à un million de fils et de tuyaux. Je voulais pleurer, mais dès que la puce a senti la chaleur de mon sein contre sa joue, elle a ouvert grand la bouche et s’est mise à téter. Les infirmières ont poussé une exclamation de victoire. Les bébés traumatisés à la naissance, comme ma puce l’avait été, refusent souvent l’allaitement, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin. Voilà qui augurait bien pour les chances de survie de ma petite fille.

Par la suite, les infirmières m’ont dit que c’était une grande chance que je n’aie pas pris l’épidurale. Les bébés qui naissent alors que la mère est sous épidurale sont un peu plus somnolents, alors ma puce aurait pu manquer de combativité pour respirer. Et il est sûr que je n’aurais pas pu me déplacer à la pouponnière pour allaiter durant les premières 24 heures, alors ça aurait grandement compromis les chances d’établir un allaitement. Ouf! Comme quoi mon orgueil de grano aura servi à quelque chose! ;)

mardi 2 septembre 2014

La première aventure d’Éliane - Épisode 2 - Médecin, ocytocyne et glycémie

Bon, ayant finalement plus de temps que prévu pour lire et répondre à vos commentaires (vive les séances de tire-lait à 2h du matin), je vais publier le reste de la série de billet à raison d'un par jour, histoire de pas vous faire trop languir! ;)

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Le changement de garde se fait vers 8h. Ma nouvelle infirmière attitrée vient me voir et monitore le travail. Les contractions sont toujours assez espacées et d’intensité assez faible, mais je commence à les ressentir et elle me dit que ça pourrait être le début du travail actif (le « vrai » travail, celui qui ne s’interrompt pas une fois commencé).

Mon médecin passe sur les entrefaites. En me voyant, il me dit « Comment, vous êtes encore enceinte? ». Euh? De quoi est-ce qu’il parle? Mon expression doit l’informer de ma perplexité, parce qu’il s’explique : « Jeudi passé, me dit-il, je vous ai envoyée ici à cause de votre tension pour qu’on provoque le travail. » Quoi?!? Il me confonds avec une autre patiente, ma parole! Je réponds qu’il y a erreur, qu’on s’est vu vendredi dans son bureau, que ma tension était belle (pour une fois) et qu’il m’a donné rendez-vous pour ce mardi pour l’induction. Il ne semble pas déstabilisé. Faut dire qu’il n’a jamais l’air déstabilisé. Mon chum le soupçonne d’être un cyborg. Le médecin me dit qu’on va bientôt me mettre sous ocytocine et que l’anesthésiste est prêt pour l’épidurale. Pardon? Je croyais qu’on allait rompre mes eaux d’abord. Le médecin me répond que c’est déjà fait puisque je suis fissurée. Je dis que bon, d’accord puisque j’ai pas le choix, mais que je vais essayer d’accoucher sans épidurale, merci. Le médecin semble sceptique, me dit que l’option reste ouverte, m’assure qu’on se verra plus tard et repart. Temps total de sa visite : deux minutes. Mon impression : il a toujours été expéditif et je l’ai toujours soupçonné de ne pas bien connaître mon dossier, mais là c’est le comble!

Heureusement, je comprends à ce moment que je vais accoucher sous la supervision des infirmières et non de mon médecin. Celui-ci sera là pour la partie facile et officielle (sortir le bébé), mais tout le support moral et les interventions techniques (perfusions, monitorage, assistance durant la poussée, etc) seront à la charge des infirmières. J’aime mieux ça!

D’ailleurs, l’infirmière qui m’est attitrée me rassure : j’ai encore plusieurs heures (le temps que les antibios fassent effet) pour que le travail avance de lui-même et que je me passe d’ocytocine. Le monitorage étant terminé, elle m’amène un ballon d’exercice et me laisse avec mon chum. Mon déjeuner arrive (les pères ne sont pas nourris par l’hôpital, ce qui est un moindre mal dans notre cas puisque Vincent ne pourrait pas manger cette nourriture de toute façon, alors on a amené une glacière pleine de bouffe pour lui). Oups, le pain doré n’est pas un aliment recommandé pour une femme souffrant de diabète de grossesse. Bon, si je le mange sans sirop d’érable, ça devrait pas être trop catastrophique.

De 8h à 11h, je joue donc aux cartes avec Vincent, un soluté dans le bras, assise sur un ballon d’exercice, en bougeant lors des contractions et en perdant tranquillement mes eaux. Pas trop traumatisant comme début d’accouchement.

À 11h, les antibios ayant fait effet et le travail pouvant s’intensifier de façon sécuritaire pour le bébé, l’infirmière m’examine à nouveau. Malheureusement, mon col n’a pas tellement ouvert. Je suis peut-être à 3 centimètres et demi. Le bébé, par contre, a descendu dans mon bassin. Bon, ben, je ne me sauverai pas de l’ocytocine.
Je me couche dans le lit et l’infirmière branche une perfusion d’ocytocine sur le soluté que j’ai déjà de planté dans le bras. Elle m’explique qu’elle va augmenter la dose à toutes les quinze minutes, jusqu’à ce que mes contractions soient aux deux minutes. Tant que la dose sera en augmentation, je devrai être monitorée en permanence, et donc couchée ou assise dans mon lit. Ouf! Je sens que je vais trouver ça long. Elle me confirme que l’immobilité n’est pas la meilleure méthode pour lutter contre la douleur ou favoriser le travail, mais avec l’ocytocine il y a des risques pour le bébé, alors on ne peut pas interrompre la surveillance. J’trouve que le truc est plus ou moins au point... On provoque mon accouchement, parce que continuer la grossesse est potentiellement dangereux pour bébé, grâce à un truc potentiellement dangereux pour le bébé. Enfin, j’espère que tout ira bien et que la stabilisation des doses pourra se faire rapidement.

Vers 11h30, je commence à ressentir nettement des contractions. Mon infirmière, suivant le protocole, mesure ma glycémie et la trouve trop élevée. Je suis étonnée (ces derniers temps, j’obtenais des chiffres normaux peu importe ce que je mangeais), mais on se dit que c’est sans doute à cause du déjeuner, pas conçu pour une diabétique. L’infirmière décide de me donner quelques temps avant de prendre une nouvelle mesure. De toute façon, même si elle doit me donner de l’insuline, ce sera juste une fois le travail bien avancé, quand j’aurai des contractions aux deux minutes depuis un bout de temps.
 
À midi, l’ocytocine a rempli son office : mes contractions sont aux deux minutes. Pour le moment elles durent peu de temps, mais je sais qu’elles vont aller en s’intensifiant. Pas grave, avec l’aide de Vincent qui me coache, je maîtrise bien ma respiration. J’ai l’impression de chevaucher les vagues d’inconfort. À 12h30, j’ai droit à un petit tour sur le ballon d’exercice et Vincent peut enfin participer autrement qu’en me tenant la main, en m’épongeant le visage et en m’encourageant à bien respirer : il me masse les épaules, le cou, le bas du dos. Ça fait du bien. Je sens que le travail progresse. Et de fait, à mon retour dans le lit, le col est à 4 centimètres. Ah, si je pouvais seulement rester sur le ballon!

Peu après, je me rends compte que j’ai mal au bras, près du site où le cathéter de mon soluté entre dans ma veine. Et je constate que mes contractions sont devenues moins fortes. Oh, oh! Je sais ce que ça veut dire, parce que ça m’est déjà arrivé : mon soluté fuit en dehors de ma veine. Merde! Si on ne réagit pas rapidement, mes veines vont éclater et mon bras va devenir gonflé et super douloureux. Je sonne l’infirmière.

Elle rapplique, m’enlève le soluté infiltré (et me félicite d’avoir remarqué le problème aussi vite), puis commence à essayer d’installer le soluté dans une autre veine. Contraction. Gosse sur le bras gauche. La veine pète. Contraction. Change pour le bras droit. Contraction. Le cathéter se brise. Retour au bras gauche. Contraction. Je commence à trouver que ma situation, à moitié assise sur le lit, le ventre bardé de moniteurs, avec les deux bras étendus et percés d’aiguilles, ressemble à une crucifixion moderne.
 
Finalement, après avoir appelé une collègue en renfort, mon infirmière réussit à me réinstaller un soluté. Et les contractions reprennent. Assez brusquement merci! Je commence à trouver la situation pénible. En plus, c’est l’heure de remesurer ma glycémie, puisque le travail avance bien. Bon, ça devrait être correct cette fois, me dis-je, puisque j’ai avalé à peu près trois bouchées de soupe pour dîner. Les contractions, ça ouvre pas vraiment l’appétit.
 
Mais non, surprise! Ma glycémie est toujours un peu trop haute. Mon infirmière m’annonce qu’on va devoir me mettre sous insuline. Ce qui implique un autre soluté. Je suis plutôt découragée. Sachant que je vais être clouée au lit de toute façon une fois que ce second soluté sera installé, je commence à réfléchir à l’option de l’épidurale. J’en discute avec l’infirmière, qui s’étonne : elle comprend que j’aimerais pouvoir bouger, mais elle me dit que je gère franchement bien la douleur. Elle m’explique aussi que les contractions sont au maximum à cause de l’ocytocine, qu’elles ne vont pas aller en augmentant d’intensité. Il y aura un changement dans mes sensations quand on approchera de la poussée, mais ce ne sera pas pire, juste différent.

L’information est la bienvenue. Ok, je continue sans épidurale. Je veux pouvoir me lever de ce foutu lit dès que j’aurai accouché!
Comme il y a un délai le temps qu’elle commande l’insuline, et que tout est beau sur les moniteurs depuis le début du travail, elle m’envoie prendre une marche dans le corridor. J’apprendrai par la suite qu’elle le fait de sa propre initiative : mon médecin devrait approuver chaque interruption de monitorage, mais elle a constaté qu’il n’a pas l’approbation facile et me prend un peu en pitié. Dans le corridor, mon chum pousse mon soluté d’antibio et d’ocytocine. Il me soutient lorsqu’une contraction m’immobilise. J’avance pas vite avec mes contractions aux deux minutes, mais une fois de retour dans la chambre, mon col est à un peu plus de 5 centimètres. La moitié du travail est passée!

On me branche sur l’insuline. Avec un soluté dans chaque bras, l’image de la crucifixion qui m’était venue plus tôt me semble complète. Je me sens un peu mal. J’ai des nausées, la tête qui tourne et des élans d’assoupissement, mais je me dis que ça doit être la douleur et les contractions. Je fais redresser la tête du lit au maximum, je m’assois avec les jambes en papillon (genoux ouverts, plantes des pieds réunies), je pose les mains sur mes genoux et je me concentre sur mon souffle.

À 16h, changement de garde des infirmières. Ma nouvelle infirmière contrôle ma glycémie et obtient le chiffre le plus élevé que j’aie jamais eu (12!). Voilà qui explique mes malaises. Mais on se demande comment ma glycémie peut avoir monté à ce point malgré l’insuline et le fait que je n’ai pas mangé depuis des heures. Oui, parfois, le corps peut brûler des réserves de glucose et augmenter lui-même le taux de sucre sanguin, mais je n’ai jamais eu des résultats de glycémie semblables, même lors des tests (alors qu’ils sont conçus pour obtenir des chiffres extrêmes). Mon infirmière a l’air complètement perdue... puis son regard tombe sur les trois perfusions qui me sont données. Antibiotiques, ocytocine et insuline me sont administrés à l’aide de... solutions sucrées!!! J’ai trois poches de sucre qui me coulent dans les veines!!! Quelqu’un était dans la lune solide quand on m’a installé ça ce matin! L’infirmière remplace les perfusions par des solutions salines, elle augmente un peu l’insuline et je me sens rapidement mieux.