mardi 4 janvier 2011

Solaris #176

Sous une couverture fort attrayante (si on oublie les petits points utilisés pour séparer les noms des auteurs...) qui rappelle le Coruscant de Star Wars ou la ville de Bladerunner, le numéro 176 de Solaris nous offre trois fictions et leur cortège d'articles et de critiques littéraires.

Un mot d'abord sur les articles : la pseudo-polyglotte en moi a adoré le tour d'horizon sur les langues inventées que fait Mario Tessier avec l'article Les trésors de Babel! J'attends avec impatience la suite, qui est supposée se pencher sur les relations entre langages et modes de pensée. (Je me dis pseudo-polyglotte, parce que je maîtrise très bien le français et l'anglais, mais mon latin et mon grec ancien sont rouillés, tandis que mon japonais n'a jamais dépassé le niveau atteint par un enfant de trois ans...).

La section des nouvelles commence en force, avec la novella Pour l'honneur d'un Nohaum de Philippe-Aubert Côté. Le récit se passe plusieurs siècles après Le premier de sa lignée, nouvelle précédemment publiée par Philippe-Aubert dans le Solaris #168. Au lendemain d'une guerre qui a ravagé la planète, de grandes races de néomorphes (espèces d'hybridations humaines) s'efforcent de rebâtir la civilisation. Cela ne se fait pas sans heurt alors que les nouvelles races se confrontent et se mesurent aux réminiscences des temps anciens!

À la lecture de la novella, on peut se sentir un peu frustré de constater que cette histoire est visiblement un petit élément d'un tout plus grand qui est encore à écrire. Cependant, moi ça m'a surtout mis l'eau à la bouche pour la suite! :) D'autres pourraient reprocher à Philippe-Aubert son écriture très contrôlée, lente et en demi-teinte. Pour ma part, cela ne m'a pas dérangée. Au contraire : au coeur de la novella se trouvent deux personnages, Arihann l'Ourag et Neptah le Nohaum, dont les émotions méritaient d'être décrites avec beaucoup de subtilité pour que l'histoire fonctionne. Et, de mon point de vue, c'est mission accomplie.

Faut aussi que je glisse un mot au sujet des combats : je suis fort critique à ce sujet et Philippe-Aubert a très bien réussi son coup en les gardant courts et légèrement flous. Selon moi, ce fut du beau boulot d'un bout à l'autre que cette histoire, quoi! :)

La nouvelle suivante, Le double d'éternité de Frédéric Vacher, m'a laissée un peu insatisfaite. L'idée, celle d'un peintre rappelé d'entre les morts pour qu'il poursuive son oeuvre, était intéressante et la plume de l'auteur était bonne, précise et agréable, mais la finale du texte m'a franchement déçue. Pas parce qu'elle était mal amenée ou incohérente, au contraire, mais bien parce que le personnage principal m'a semblé être le seul à ne pas l'avoir vue venir. D'un autre côté, je ne vois pas comment cela aurait pu finir autrement dans l'état des choses, alors je vous épargne la suggestionnite! (suggestionnite = maladie du critique qui dit ce que lui aurait écrit avec une telle idée au lieu d'analyser ce que l'auteur a fait)

Finalement, la section fictions se terminait par L'art du dragon de Sean McMullen. Il paraît que c'est une nouvelle qui ne laisse personne indifférent. Certains auraient crié au génie. D'autres auraient dit que c'était la pire nouvelle de l'année. Heu... Bon... Ben, personnellement, elle ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, ni dans un sens, ni dans l'autre. L'idée d'un dragon invincible de trois kilomètres de long venu d'on ne sait où pour dévorer les oeuvres d'art de l'humanité, je peux pas dire que ça m'a accrochée. Ajoutez à ça un message sous-jacent qui vogue entre les deux extrêmes de la même opinion et je me mets à baîller. Remarquez, j'ai déjà lu pire. Et mieux. Donc, bof.

Au final, quand même un des meilleurs numéros de Solaris que j'aie acheté en 2010, puisqu'entre la novella de Philippe-Aubert et l'article sur la linguistique imaginaire, je me suis délectée de plus de la moitié de ses pages :)

(Livre 2011 #1)

2 commentaires:

richard tremblay a dit…

Au sujet de la nouvelle de PAC, je vois qu'on fait pratiquement le même constat. On dirait l'avant-propos d'un très grand cycle. Tant mieux si l'auteur plonge là-dedans tête première, parce que j'attends la suite avec intérêt.

Gen a dit…

C'est confirmé de première main : l'auteur a les autres morceaux du cycle en tête.

Faut juste lui qu'il les écrive! :)