mardi 16 août 2011

Reset - Le voile de lumière de Joël Champetier

Suite à un curieux événement, dont tous se souviennent comme d'un "voile de lumière", la population de Saint-Tite a perdu la mémoire. Heureusement, des étrangers circulent parmi eux pour les aider à se reprendre en main et à s'organiser, ce qui n'est pas une tâche facile quand les gens ne se souviennent plus ni de leurs noms, ni de leurs relations familiales, mais qu'ils ont conservé des gestes réflexes leur permettant de conduire ou de se battre. Tandis que la société se remet lentement sur pied, surgissent des hommes qui prétendent ne pas avoir perdu la mémoire et qui jettent le doute sur la nature des étrangers si serviables...

J'ai bien aimé ce roman de Joël Champetier, au scénario de base digne des X-Files, dans lequel il explore à nouveau un thème qui lui tient à coeur : la question de la mémoire. Comme le Voleur des steppes ou le personnage central de La mémoire du lac, Jean-Pierre, le protagoniste de Reset - Le voile de lumière, a perdu le souvenir de son identité et de son passé. L'analyse de ses réflexes et des traces matérielles laissées par son ancienne vie permet cependant au personnage (et au lecteur) de deviner un homme plus sombre que le modèle paisible et domestiqué imposé par les étrangers.

Là où le roman devient très intéressant, c'est justement lorsqu'on analyse la société que les étrangers tentent de bâtir, en profitant visiblement du fait que plus personne ne possède la capacité de se rebeller ou de contredire ce qu'on leur présente comme des vérités avérées. Une société où on mange en groupe, où tout est divisé équitablement, où personne ne se bat, où tout le monde s'habille modestement, où le père exerce sa souveraineté sur sa femme et ses deux enfants... Bref, une standardisation parfaite qui devrait amener le bonheur de tous, mais qui finit par changer le quotidien en grisaille pour certains personnages qui sentent bien qu'ils ne sont pas conçus pour ce genre de moule.

Ce sont évidemment ces insatisfaits qui mèneront la charge contre les étrangers et lanceront une riposte qui culminera en une délicieuse scène de bataille rangée dans les rues de Saint-Tite!

Malheureusement, comme souvent avec les romans de Joël Champetier, le roman se gâte un peu au moment du dénouement, qu'on nous raconte au lieu de nous le faire vivre, nous exposant en même temps toutes les ficelles et rouages. Cette finale expéditive est d'autant plus dommage dans ce livre-ci, après une histoire qui a toute entière tourné autour de l'inconnu, de la redécouverte et du mystère.

Mais bon, c'est pas grave, quand un roman est aussi agréable à lire, la finale est accessoire!

(Lecture 2011 #35)

1 commentaire:

Vincent a dit…

J'ai bien aimé ce roman également. En fait, j'aime toujours lire Champetier, j'embarque rapidement dans l'histoire, le texte sonne "vrai", dans le sens où les personnages sont crédibles, leurs préoccupations et actions sont logiques. Leurs interelations aussi sonnent "vraies".

Le roman nous tient en haleine pendant tout le déroulement, la tension monte graduellement au fil des pages et c'est très accrocheur.

Comme tu dis, par contre, la fin n'a pas marché pour moi non plus. En fait, c'est comme ça dans la plupart (presque toutes?) les fins des romans de Champetier. J'ai l'impression que ce qui ne marche pas pour moi est dans le bris du rythme. La fin tranche énormément avec le coeur du récit, la tension tombe rapidement mais sans pour autant atteindre un climax. Il y a une séparation dans le temps et parfois l'espace. Cette coupure est trop drastique, on a l'impression de se faire raconter l'histoire plutôt que de se la faire montrer.
(On veut pas le savoir, on veut le voir!) Je ne comprends pas non plus cette manie de vouloir tout expliquer. Certains mystères doivent le demeurer pour conserver leur charme.

Cela dit, je le recommande chaudement. :)