mardi 22 novembre 2011

Utiliser la mythologie (7) - Comparaisons et Monomythe

Dernier billet sur la mythologie! Bravo, vous en êtes venus à bout sans me submerger de courriels me demandant de changer de sujet! hihihihi ;)

Aujourd'hui, je vais aborder la question très délicate (et contestée) de la mythologie comparée. Bon, il ne faut pas la tête à Papineau pour remarquer qu'il y a des mythes qui se ressemblent. On ne sait plus combien il y a de mythe du déluge (au moins un Grec, un Mésopotamien, un chrétien). Les cieux abondent en grands barbus brandissant des éclairs (Zeus et Thor en tête de liste). Et la terre est souvent une jeune fille qui meurt une fois l'hiver venue (Perséphone ou les déesses celtes de la végétation).

Des anthropologues ont étudié ces similitudes entre les mythes, en cherchant à y trouver du sens, un "signifiant humain commun". Des psychologues ont essayé de comprendre les raisonnements qui avaient mené à la création de ces mythes. D'autres chercheurs ont voulu tracer la carte de la dispersion de ces mythes et essayer de remonter jusqu'à l'origine de ces mythes communs (que Dumézil, ben oui encore lui, imaginait tous issus du peuple originel).

Les résultats de la mythologie comparés ont été tantôt fort heureux (par exemple en permettant d'extrapoler un système de croyance complet à partir d'éléments fragmentaires grâce à la comparaison avec des systèmes semblables), tantôt fort malheureux (lorsque des Chrétiens se sont mis en tête de prouver qu'un dieu unique était déjà présent dès les origines de l'humanité et que tout mythe n'était donc qu'une Bible mal écrite). Le problème c'est que les découvertes de la mythologie comparée ne peuvent quitter le domaine théorique et sont donc extrêmement sujettes aux interprétations et aux préjugés des chercheurs.

Le plus connu des adeptes de la mythologie comparée est sans doute Joseph Campbell, un chercheur qui, après avoir étudié maintes mythologies, a écrit "Le héros aux mille et un visages". Dans cet essai, Campbell soutient le postulat du monomythe, c'est-à-dire que, selon lui, tous les mythes sont les variations de la même et unique histoire (normalement, ça devrait vous dire quelque chose, parce que cette idée circule beaucoup dans les milieux où on tente désespérément de créer du neuf...). Pour Campbell, la structure fondamentale de tout mythe contient un certain nombre d'étapes, qui incluent :

1.Un appel à l'aventure, que le héros doit accepter ou décliner

2.Un cheminement d'épreuves, où le héros réussit ou échoue

3.La réalisation du but ou du gain, qui lui apporte souvent une meilleure connaissance de lui-même

4.Un retour vers le monde ordinaire, où le héros réussit ou échoue

5.L'utilisation du gain, qui peut permettre d'améliorer le monde

Si vous avez l'impression que vous êtes en terrain connu, c'est normal. Non seulement George Lucas a admis ouvertement s'être inspiré de l'ouvrage de Campbell pour écrire Star Wars (et c'est rare qu'il est aussi transparent à propos de ses sources d'inspiration : il nie encore avoir imité "The Last Castle" de Kurosawa...), mais disons que le bouquin est bien connu à Hollywood et qu'on en retrouve des traces très nettes de Disney à Avatar, en passant par Matrix.

Bref, c'est peut-être pas la meilleure piste à creuser si vous voulez être un tantinet original! ;)

4 commentaires:

Biggs et Wedge a dit…

Ça explique partiellement Cid.

Gen a dit…

Ouais, bon Final, c'est un cas à part côté mythologie. Mais par contre, plusieurs jeux vidéos se servent du "monomythe".

Luc Dagenais a dit…

Cette approche me rappelle celle de Vladimir Propp, qui travaillait sur la morphologie du conte, mais en linguistique structuraliste.

P.S: Moi j'ai beaucoup apprécié ta série de billets, nah!

Gen a dit…

@Luc : Structuralisme! Vade retro!!!

Lol! Mais oui, la théorie du "toutes les histoires ne sont qu'une" a été maintes fois utilisée en littérature, surtout autour du conte (qui est, par nature, figé dans sa forme).

D'ailleurs, je crois avoir vu le nom de Propp associé tant aux structuralistes qu'à Campbell au cours de mes lectures (la mythologie n'est pas une chasse gardée d'historiens, loin de là, alors les limites des disciplines sont très floues).

Tant mieux si t'as apprécié! ;) C'est fini là par contre (à moins que je pense à autre chose...)